Ça pouvait être intéressant, ça pouvait m’intéresser mais rien de tout ça. Plus le récit avançait plus je m’ennuyais comme à l’image de cette pauvre jeune femme qui avait suivi ce jeune appelé muté dans cette base militaire située à Madagascar.
Il semblerait que le metteur en scène ait mis un peu de lui-même dans son film.
Tout passe par le regard d’un enfant dont le père est militaire et la mère au foyer comme toutes ces épouses qui sont femmes de militaires. Elles sont entre elles, ne savent pas grand-chose des activités de leur homme. Et évidemment, il en est de même pour les gosses.
En soi, le point de vue de Robin Campillo est intéressant : il place le spectateur à hauteur d’un enfant. Ainsi, à travers ses sens, plus particulièrement son regard et son ouïe, le spectateur que je suis déambule dans des réunions d’adultes, à la maison, dans le jardin, à la piscine, à la mer ; je navigue entre école et maison marchant sur des chemins qui me conduisent devant une palissade de bambous qui grincent pour mater des amoureux.
Pour savoir ce qui se passe dans le mess des officiers par exemple - comme l’enfant n’est pas autorisé à y aller -, il traduit le récit de son amie ; ainsi, le spectateur peut assister à un chant entonné par quatre (?) militaires.
Seulement, m’inviter au réfectoire des officiers ne m’a pas du tout emballé !
C’est ainsi tout le long du film.
L’activité du père est fugace. On le voit prendre des relevés dans un avion pendant une manoeuvre. Là aussi, c’est une traduction de l’enfant.
Il ne peut pas plus développer.
Comme tout enfant.
Son père est militaire, il travaille dans un avion où sautent des parachutistes.
Point barre.
Pour découvrir ce que disent et font les adultes, dont sa mère, il se place derrière une porte à la vitre opaque où il distingue des formes ; ou il se glisse sous une table.
Bref, le regard proposé par le réalisateur à travers cet enfant me laisse indifférent.
J’espérais une situation plus pimentée, plus audacieuse, plus politique mais rien. C’est juste le regard d’un enfant parmi tant d’autres où rien d’exceptionnel ne se déroule.
Une vie banale, relativement tranquille.
Robin Campillo va terminer son film avec une note politique, histoire de se donner une bonne conscience ; il habille l’enfant en Fantômette pour suivre une jeune malgache ; ainsi, le spectateurs aura un aperçu très succinct de la situation politique malgache.
Mais au bout du compte, je m’en moque.
Tout me paraît surfait.
La logique de plaquer le spectateur sur le regard de l'enfant devrait nous épargner la scène des opposants qui descendent de
l'avion puisque l'enfant est refoulé par la jeune malgache. Il n'est plus témoin.
Le film aurait pu se conclure ainsi.
Donc, toute cette partie des opposants est inutile comme la lecture d'un texte de Gallieni sur les bienfaits de la colonisation. Cette partie m’a paru scolaire à cet instant.
Tout ça est bien vain.