On ne lui avait rien demandé mais Robin Campillo a tenu à nous faire partager ses souvenirs d'enfance à Madagascar, dans une base militaire de l'armée française, au début des années 70. Pourquoi pas ? Dommage qu'il ne nous ait rien demandé, car, sinon, on lui aurait demandé de réaliser un film exempt de longueurs inutiles, un film dans lequel on ne passe pas les 3/4 de son temps à s'ennuyer. Pendant la plus grande partie du film, on ne voit au travers les yeux d'un enfant que des familles françaises, père, mère, enfants, et pratiquement jamais des malgaches. L'enfant, il s'appelle Thomas dans le film, mais tout laisse à penser qu'il s'agit en fait de Robin Campillo. Un enfant qui observe le monde autour de lui, avec les yeux d'un lecteur assidu de Fantomette, "la terreur des malfaiteurs". A priori, l'idée n'était pas mauvaise mais elle est très mal exploitée et elle nous vaut de très longs, de trop longs intermèdes de film d'animation mettant en scène cette fameuse Fantomette. Quant au monde observé par Thomas, ces militaires français et leurs épouses, ce prêtre, ce médecin militaire, ce général et les officiers qui l'entourent, on aurait aimé que leurs états d'âme soient présentés de façon plus personnelle et non au travers du filtre d'une vision enfantine. En plus, à 10 minutes de la fin, le film change brutalement de sujet, ne s'intéressant plus qu'à la population malgache et au ressentiment qu'elle ressent envers la situation coloniale qui persiste plus de 10 ans après l'indépendance. Cette dernière partie du film est très intéressante, mais il est dommage qu'elle arrive comme des cheveux sur la soupe et qu'elle soit si courte, laissant les spectateurs sur leur faim. Autre problème grave de ce film, tourné en format 1.37 : Quim Gutiérrez, le comédien interprétant le rôle du père de Thomas, joue atrocement faux du début jusqu'à la fin. Ce qui, heureusement, n'est pas le cas des autres interprètes, en particulier Nadia Tereszkiewicz et Sophie Guillemin, toutes deux excellentes. En résumé, après "120 battements par minute", on attendait mieux de Robin Campillo.