"Fuyez pauvres fous".
Tels étaient les mots de Gandalf le gris dans le premier volet de la trilogie Le Seigneur des Anneaux signé d'une main de maître par Peter Jackson.
Dans l'œuvre Tolkienne, Gandalf, aux prises avec le Balrog, enjoignait Frodon et les siens à fuir un combat dans lequel aucun d'entre eux n'aurait pu survivre.
Dans le cas présent je vous mets en garde, non pas de fuir, car dans cette dite hypothèse vous auriez été assez "fou", ou masochiste, pour vous rendre dans votre cinéma, abhorrant alors cette ineptie cinématographique et vous enjoins de tout simplement passer votre chemin.
Après l'imparfait mais non moins réussi Grave, Ducournau nous revient, cette fois-ci auréolée de la Palme d'Or, s'il vous plaît, avec son second long-métrage "Titane". Ce film a pour lourd fardeau de succéder à des monuments du cinéma parmi lesquels me viennent à l'esprit Pulp Fiction (lauréat en 1994), le Pianiste mais aussi au plus récent, bien qu'inférieur, Parasite.
Là où Grave réussissait à nous surprendre sans toutefois dépayser les amateurs de films de genre, d'horreur et thriller, rendant ainsi une copie plus que correcte, Ducournau, dans la lignée d'un Dupieux, assume, à travers son œuvre d'une navrance déconcertante, sortir des sentiers battus.
D'une bêtise sans nom et quasiment sans précédent, le scénario de Titane n'a d'égal que les situations rocambolesques et absurdes auxquelles sont confrontés les personnages.
Pêle-mêle : à la suite d'un accident de voiture, la protagoniste développe une étrange et inavouable attirance sexuelle vis-à-vis de ces véhicules motorisés, donnant lieu à certaines séquences dignes de films porno-light (fétichisme voiture) durant lesquelles notre anti-héros copulera avec une Cadillac puis un camion de pompier un peu plus tard. Ce coït métallique avec cette dite voiture est l'un des éléments scénaristiques les plus importants du long-métrage
donnant naissance, lors de l'ultime scène, à un enfant, prénommé Judas, né de chair et de titane
. C'est vous dire à quelle altitude volait Ducournau à l'écriture du scénario. Pas bien haut.
Soulignons également que Vincent Lindon, pas si mauvais dans son rôle bien que sûrement frappé, comme tous les gardiens de la paix dans le film, d'une maladie oculaire grave (sûrement due aux diverses injections de produit dopant dans son arrière-train) ne parvient pas à faire la distinction entre un jeune homme et une femme de 32 ans. Ducournau joue ainsi avec les mêmes ficelles que Disney, il y a de ça bientôt 25 ans, dans son classique Mulan.
Je pourrais également vous citer les diverses scènes où coule, d'à peu près tout les orifices possibles et imaginables d'Alexia, du pétrole ou de l'huile de moteur, on ne sait pas trop à vrai dire et l'intérêt que l'on devrait accorder à la nature de ce fluide reste très limité. C'est un doux euphémisme. Mais les dirigeants de Total auraient pu y trouver un bon filon.
Enfin, que dire du ridicule de cette scène, qui a eu le mérite de me faire rire, dans laquelle Vincent Lindon apprend à Alexia à faire un massage cardiaque à une vielle femme à l'agonie en lui chantant la Macarena.
J'omets volontairement certaines scènes afin de préserver votre intégrité.
L'absence totale de trame narrative et le ridicule scénario écrase absolument tout le travail artistique et photographique réalisé par Ducournau mais aussi celui des acteurs qui se retrouvent perdus dans ce naufrage titanesque.
Non vous ne ressortirez pas choqué, comme avait pu le laisser penser les petites natures cannoises, mais réellement consterné et affligé. On s'ennuie, on est atterré par la bêtise du scénario et par ces situations d'une absurdité inégalée, regrettant alors d'avoir gâché près de deux heures de sa journée et une dizaine d'euros.
Voilà l'unique film pour lequel j'aurai, si j'avais été solennellement averti comme tel, troqué ma place contre un billet pour le ridicule mais non mois divertissant, j'imagine, Fast & Furious 9 dans lequel je n'aurais pas vu, je pense, Vin Diesel copuler avec ses voitures.
Alors, fuyez pauvres fous.