J'ai pour habitude de regarder les lauréats du festival de Cannes. Il y a souvent d'excellentes surprises ("Elephant", "La Leçon de Piano", "La Vie d'Adèle", "Pulp Fiction", "La Pianiste" - oui "la" pas "le"-...). Cette année la Palme d'Or étant sortie la semaine de sa récompense j'ai pu voir "Titane" aujourd'hui. Verdict : oui, il mérite amplement sa récompense, ne serait-ce déjà parce qu'il n'est vraiment pas fait pour (merci Spike, merci Mylène).
Je balaie de suite les "malaises", "vomissements"... On n'est pas dans une successions de scènes gores, ce n'est pas un film d'horreur (d'ailleurs je ne peux même pas lui donner un genre. Il est sans genre, comme son héroïne). En revanche, j'ai beau être un habitué des films d'horreur, oui, les scènes hards son ardues, à la limite du supportable. Mais ce qui donne de la superbe à Titane, est qu'elles sont tournées avec une virtuosité incroyable. C'est la force de ce film : les images s'enchaînent avec une beauté inouïe. Il y a de la force, de la niaque, du caractère à filmer le sexe, la mort, les corps mutilés, la matière, la monstruosité. Ce qui m'a surpris à la fin de ce film, est d'avoir encaisser sans piper l'invraisemblable. Même les films fantastiques, d'horreur ou d'épouvante cherchent à donner un sens à l'inexplicable. Ici on s'en passe. Il n'y a pas de logique, on ne cherche pas à expliquer et tant mieux : l'imprévisible, l'irrationnel embarquent le spectateur. Par cet aspect il me rappelle "La Forme de l'eau", toute proportion gardée ("Titane" n'est pas un conte). Dans le rang des monstres, des "Elephant Man", des "Edward aux mains d'argent", Titane tient son rang...si ce n'est que le monstre n'est pas vraiment gentil et pas recommandé à tout le monde. Radical, transgressif, ardu, imprévisible, déroutant, monstrueux, élégant, beau, sidérant, et captivant, il n'a pas fini de faire parler.
Mention spéciale aux acteurs.
Coup de coeur.