Symptomatique de notre époque de voir le film souligné par les réactions outragées de personnes malades à la vision du film. Mais c'est aussi vrai qu'à Cannes on est très vite choqué...
En soi, la palme d'or, pour laquelle il faudrait être bien malin et bien sûr de soi pour se permettre de juger si le film la mérite ou non, n'arrive pas avec une originalité folle. La filiation avec Cronenberg et sa nouvelle chair est indéniable et qui a un peu de cinéphilie saura reconnaître les marqueurs du maître, la volonté de déranger en premier lieu.
Rien de bien nouveau donc, pas de quoi crier haro à Ducournau. Mais au contraire, la réalisatrice de Grave à une vraie proposition de cinéma, elle digère ses influences pour les utiliser dans un discours politique d'une actualité brûlante, la condition féminine.
À l'aide de l'outil ciné, dont elle joue sur tous les tableaux, esthétique, son, etc., Julia Ducournau incite la femme à se transformer, au sens figuré et au sens propre dans le film, à devenir plus forte, à fusionner - le fameux titane.
La première partie impose une colère sourde qui rappelle un peu le baise moi de Despentes, avant de basculer, de se "transformer", dans la deuxième en un drame autrement plus émouvant - formidable Lindon, Est-il besoin de préciser. Titane est fait ainsi, de glissements, de transformations, appuyé par la mise en scène, certes pas dénuée de faiblesse mais en tout cas cohérente, jusqu'à une image finale bouleversante, qui en dira toujours plus que tous les "me too" du monde, et qui évoque quelque part le foetus astral de 2001. Ducournau vient d'inventer le feminin du Titan : Titane.