un naufrage cinématographique
“Sans filtre”, de Ruben Östlund, se veut une satire sociale dénonçant les inégalités et les absurdités des élites contemporaines. Malheureusement, le résultat est loin d’être à la hauteur des ambitions affichées. Le film souffre d’un défaut majeur : il manque cruellement de subtilité, offrant des personnages caricaturaux réduits à des archétypes simplistes, sans profondeur ni nuance.
Chaque personnage incarne un statut social de manière très premier degré, avec la mentalité stéréotypée qui l’accompagne. Cette approche schématique enlève toute surprise au récit, qui devient prévisible du début à la fin. Où est la subtilité lorsqu’une oligarchie capitaliste s’oppose à un capitaine marxiste dans un dialogue digne d’un manuel scolaire ? Où est la complexité lorsque les riches sont tous grotesques et ridicules, et les classes populaires simplement opportunistes lorsqu’elles prennent le pouvoir ?
En plus de ces faiblesses narratives, le jeu des acteurs ne sauve rien. Les performances sont souvent forcées, presque théâtrales, renforçant cette impression de caricature permanente. Le film, prétentieux dans son propos, semble convaincu de sa propre intelligence, mais il ne laisse aucune place à la réflexion du spectateur : tout est martelé, surligné, comme si nous ne pouvions pas comprendre autrement.
Enfin, le plus gros reproche : sa longueur. Sans filtre s’étire inutilement, multipliant les scènes redondantes et les situations qui n’apportent rien de nouveau. On en ressort frustré, avec l’impression d’avoir perdu deux heures face à un film qui n’a rien à offrir d’autre qu’un message simpliste déjà vu et mal exécuté.
Une satire réussie doit surprendre, interroger, voire déranger. Ici, tout est caricatural, mal joué, et surtout profondément ennuyant.