Emmanuel Mouret, dont je découvre avec ce film son travail, à dans son phrasé, et de par l'expression de ce dernier une fenêtre de tir pour à la fois raconter une histoire aux accents grave, le tout en y faisant ressortir sa comédie. Mieux encore, il la place tout devant !
Mademoiselle de Jonquières à, comme un gout de bonne humeur piquante, parfois acerbe, dont le bon mot dissimule des manigances sur fond d'interrogation contemporaine et plus ancestrale donc. Dans un premier temps, on se focalise surtout sur la romance entre ces deux gens de la haute société, de leur lien récent qui devient plus intime à mesure qu'ils se côtoient. La rêverie sur ces deux fauteuils au bord de l'eau, dans cet foret qui en est le cœur, tiens de paroxysme pour en attester.
Alors de suite, je transite vers la manœuvre de son réalisateur de chapitrer par fondu noir son récit. Il livre, par ce moyen, une astuce qui permet à la fois de se focalisé autant que de se projeter sur la suite dans un défilé magistrale qui implante l'idée, la vois germer, et en extirper toute sa sève. Aussi venimeuse soit-elle ! C'est d'ailleurs encore meilleur lorsque ça l'est !! " -Voilà qu'il est cruel ! " Et drôle, oui !
De ces tours, de sa première pirouette, on en ressent le doute s'accroitre, les amours se ternirent, à vitesse grand V. Le plan prend acte à cet instant. De ce dernier, une analyse en profondeur ce mérite d'être tenu. Sans machiavélisme, ni jugement ostentatoire, un regard se porte sur les conditions de ses êtres qui s'aiment à s'en détruire, qui y trouve même du plaisir à rendre justice, selon leurs propres dires, à différents stades. Tous ont leurs motivations, et de cela, on les comprends, car avec eux, on rit, volontiers d'ailleurs. Voilà comment notre culpabilité est ici mis à nue, au travers des micmacs, que l'on cautionne, ou déplore. Le coup de génie de ce film, clairement !
Dans une langue exquise, dans des décors qui le sont tout autant, des costumes ravissant, les interprètes n'ont plus qu'a s'employer. Ces derniers le font avec la manière ! Cécile de France que j'adore, est tour à tour victime et bourreau, à l'instar d'un Edouard Baer dont le chasser croiser prend ici des tournures incroyables ... Il et elle sont imprégné par l'exercice de style auquel ils prêtent voix et corps, dans des habitudes, avec une gestuelle, une ronde divine. Alice Isaaz, Laure Calamy, Natalia Dontcheva complètent le casting, elles sont aussi parfaites !
J'aimerai, avant de conclure cette critique, m'arrêter sur un passage que je trouve essentiel, le diner. Du topo, auquel nous assistons, à l'arrivée du berné et pris, nous assistons là à une scène aussi émouvante qu'elle est jubilatoire et au fond terrible. L'arrivée à table du marquis, pris au dépourvu, sur tout, tout le temps, et l'ignorance éberlué qu'il témoigne en cet instant m'a plongé dans une question auquel je n'ai nul réponse. Avec des " mon ami " par-ci, des " mon ami " par-là, ça confusion à lui, ça certitude à elle, qui s'achemine par un " - Vous avez été parfais ! " ... Que dire d'autres que l'évidence en elle-même, on se laisse prendre au jeu !
Il y'a toutefois dans sa chute, une sorte de fatalité injuste. Qui, j'en reviens, sonde la société dans la tolérance des uns et des autres, des aspérités à être, comme à vouloir êtres ! Car à la fin, elle à sa victoire, lui sa défaite, mais c'est elle qui perd quand elle gagne et lui qui trouve son but lorsqu'il s'effondre ... Un sacré pied de nez !
Mademoiselle de Jonquières, pour lequel, j'avais des réticences, pour aucune raison valable autre qu'une méfiance un peu malvenue m'a en fin de compte procurer un plaisir et une réflexion. Un moment délicieux, que je recommande chaudement.