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4,5
Publiée le 1 février 2023
Nous baignons ici dans l'univers de la noblesse, où les comportements sont... tout sauf nobles. La tromperie et la ruse guident les pas des personnages, et chacun dirige sa vie par ses propres désirs. Le marquis, séducteur d'expérience, valse entre les passions amoureuses, esclave de ses tentations. Il est le symbole même du libertinage.
Les décors sont majestueux et les dialogues admirables. On n'en finirait pas de citer les belles tournures de phrases que nous expose ce film. Sombres de cœur et riches d'apparences, les paradoxes sont sous-jacents dans cette histoire où la beauté semble trouver un malin plaisir à se lier au mal.
Les discussions entre le marquis et madame de la Pommeraye nous apprennent beaucoup sur le besoin humain de séduction, de « mise en pratique » du désir et même de la difficulté dans la relation amoureuse. spoiler: Madame de la Pommeraye le dit elle-même : « le marquis ne résiste pas à celles sui lui résistent », le personnage d’Edouard Baer a besoin d'être mis en difficulté par la femme qu'il aime, elle doit se faire désirer et bien que cette phase d'attente soit une souffrance pour lui, l'amour grandit avec elle.
L'attente fait grandir le désir en faisant naître l'impatience. Car si l'impatience a ses défauts, l'homme en a besoin pour être mis en mouvement. Etroitement liée au désir, l'impatience joue son rôle. Sans désir, l'homme perdrait son énergie, et sans énergie, l'homme égare sa force et sa volonté. Finalement, le marquis se délecte davantage de la séduction qu'il mène, que de la conquête elle-même. « Conquérir » une femme n'aurait d'ailleurs eu aucun mérite pour lui si cela s'était fait aisément (ben oui).
spoiler: D'ailleurs, au cours de ce chemin que prend le marquis pour séduire Madame de Pommeraye, il s'essaye à la sincérité : « c'est que la sincérité est souvent mal habile, elle ne prend pas les chemins de la séduction », cette honnêteté ne pouvait qu'être bien accueillie d'ailleurs !
Le marquis fait alors mine de s'éloigner de sa position de séducteur tout en le restant pleinement. Un séducteur qui dit ne pas l'être ... ou l'être naturellement, car en somme, il finit par l'oublier. Il met en avant la pureté de son âme par sa sincérité, son âme est mise à nue et il prouve par la même occasion son amour.
Avance rapide jusqu’à la fin du film. Les derniers mouvements du visage de Madame de La Pommeraye se traduisent par un sourire forcé, qui trahit une souffrance profonde. Sous ses airs de femme fière et droite, on découvre plus que jamais sa fragilité intérieure. Bien qu'elle affirme que son cœur soit en paix, on devine sa douleur. Un dernier sourire, et la musique de fin arrive sèchement, tel un point d'orgue venant conclure ce beau film.
Quelques bons dialogues mais malheureusement, film TROP bavard ! J'ai dû remettre le début 7 fois car je m'endormais sans cesse ! Le film demande énormément de concentration pour être suivi et en plus, ce sont plus des divagations dans des jardins pour aucune action. Un peu d'humanité à la fin mais ça manque d'un bon travail de réalisation car les décors sont bien. 3,2/5
Alors bien sûr, il y a l’écriture théâtrale d’Emmanuelle Mouret, ses dialogues bavards, écrits, descriptifs et articulés, presque des vers.
Mais pas que.
La pièce se prolonge à l’image, véritable scène. C’est d’une part filmé de loin, et d’une autre dans la largeur. Le format n’est pas anodin. Le spectateur ainsi assis au dernier rang du théâtre perçoit les comédiens, leur corps, leur positions, leurs mouvements. Mais pas de visage. Classiquement, l’émotion au cinéma implique une proximité avec le personnage. On en est très loin. L’émotion s’arrête ici à ce qu’on entend.
Enfin les détails sont absents dans cette largeur. C’est très très vide, qu’il s’agisse du château ou des extérieurs, il n’y a pas grand chose à voir. On ne sent pas non plus des personnages historiques mais plutôt des comédiens déguisés. Pareil pour les décors, ça ressemble à un musée et non à un château habité. On perd grandement en crédibilité. J’ai en tête la phrase "l’infinité de détails crée une impression de vrai". Encore une fois on en est très loin.
À croire qu’Emmanuel Mouret rate son film. Sauf que Mademoiselle de Joncquières n’est pas un film. C’est une pièce de théâtre, dans son plus simple et fidèle appareil.
L’association du théâtre et de la distanciation rappelle immédiatement la distanciation Brechtienne, d’une certaine manière.
La question du dispositif est toujours pertinente dans les films De cinéaste, les films qui s’éloignent des règles classiques, les films expérimentaux. Au spectateur de choisir si la présente expérience est une réussite ou non.
Ce film est un petit bijoux. Des images magnifiques, un texte splendide, deux acteurs parfaits. Qu'il est loin désormais le merveilleux XVIIIe siècle, merci de l'avoir fait revivre l'espace d'un instant.
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3,5
Publiée le 18 janvier 2023
Châtier un amant volage et libertin notoire, oui, mais en langage châtier s'il vous plaît par le rèalisateur Emmanuel Mouret qui s'inspire librement d'un rècit philosophique de Diderot! Le cinèaste aime explorer le sentiment amoureux mais sur le mode du marivaudage à l'humour subtil où les sentiments ont rèellement de l'importance! Le film nous raconte le plan cruel de Madame de La Pommeraye pour corriger l'infidèlitè d'un marquis dont elle « ètait amoureuse » . En femme très raffinèe qui se venge de son amant, Cècile de France est excellente! Edouard Baer en sèducteur invètèrè, et Alice Isaaz, aussi belle que gracieuse, sont ègalement convaincants! Seule Laure Calamy en amie de la baronne n'est pas dedans! La passion est vive, la nature est livrèe à elle-même, comme sortie d'un tableau de Monet, et le dialogue, très verbeux mais toujours très ècrit, passionne et dynamise l'ouïe en captant chaque mot! Jouant remarquablement avec ses personnages, Mouret signe une très belle vengeance amoureuse, rècompensèe à juste titre par le Cèsar des meilleurs costumes! Une nouvelle rèussite du cinèaste marseillais...
Je suis passée à côté de ce film lors de sa sortie et je l'ai découvert récemment sur le web. J'ai été séduite d'abord par le jeu de Edouard Baer, toute en flatterie et intelligence puis par celui de Laure Calami en amie fidèle et toutefois, non dupe des côtés sombres et manipulateurs de son amie interprétée par Cécile de France. Laure Calami a le pouvoir de me bouleverser par la justesse, la finesse et l'étendu de son jeu qui peut aller du rire aux larmes selon les rôles. Cécile de France est crédible dans le registre de la femme vengeresse enjouée mais profondément blessée et meurtrie, surtout sur la toute dernière scène finale. Le scénario est de toute beauté ce qui me donne envie de lire le roman Jacques le fataliste et son maître de Diderot où se trouve l'histoire de Mademoiselle de la Pommeraye.
Si l'on pense aux "Liaisons dangereuses" et à la géniale adaptation de Frears, le film de Mouret existe par lui-même, d'une part grâce au texte de Diderot, parfaitement dit par Cécile de France et Édouard Baer, d'autre part grâce à une mise en scène élégante et précise, marque de fabrique du cinéaste.
Adaptation sans éclat et sans surprise du texte de Diderot qui comporte de beaux passages littéraires. Beaux costumes, presque trop, et quelques belles prises de vues de sous-bois dans les parcs aménagés. Cécile de France passe bien , et joue un double-jeu efficace, Baer s'en tire inégalement, mais surtout Calamy fait complètement erreur de casting malgré ses efforts. Pas désagréable à regarder à la TV mais je crains que l'on oubliera vite cette version bien sage. TV janvier 2023
Certains se demandent ces jours-ci, devant la désaffection du public des cinémas pour les films français, ce que les gens "voudraient voir". Je crois que ce film propose une réponse très pertinente à la question - évidemment pas la seule. Emmanuel Mouret engage, comme souvent dans son œuvre, un questionnement sur les rapports amoureux non dénué d'une critique discrète, mais efficace, des rapports sociaux et de l'importance des inégalités dans la fabrique des sentiments. En choisissant d'adapter sans complaisance une œuvre de Diderot, il fait œuvre utile de valorisation du patrimoine et permet aux spectateurs de bénéficier d'un spectacle digne de la Comédie Française. Alors oui, certains diront que c'est du théâtre filmé, ils n'ont pas tort mais il y a une touche en plus, notamment dans une réflexion subtile autour des paysages domestiques. Pour l'essentiel, l'œuvre touche par la justesse des questions qu'elle pose, et flatte en même temps nos sens en proposant un érotisme discret. La distribution est parfaite mais Cécile de France en particulier est merveilleuse, à ma connaissance c'est son meilleur rôle. Merci monsieur Mouret de vous faire ici l'innovant conservateur de l'esprit français.
Quand j'ai commencé à regarder ce film je me suis que cela allait être barbant. Adapté de Diderot et de son Jacques le fataliste rien ne prédisposait le spectateur à ne pas s'ennuyer. Et même si la première partie est en effet un peu longue, elle reste bien rythmée et la seconde partie, la vengeance, est un délice à regarder. Le réalisateur démontre encore une fois son habileté à créer du rythme, à nous surprendre là où c'est difficile. Tout se joue, ou presque dans les dialogues, et il a su les rendre vivant et rythmés, notamment en mettant C. De France en mouvement. Les décors, les fleurs et les costumes sont magnifiques. Et les deux acteurs également. Que de beauté j'ai envie de dire ! Et il ne faut pas oublier la beauté de notre langue, le français. C'est un plaisir d'entendre des dialogues sans expressions toute faites, sans vulgarité. Ce n'est donc pas une surprise pour moi d'avoir apprécié ce film car il y a peu, j'avais adoré les Choses qu'on fait, les Choses qu'on dit.
un film sur l'amour, le dépit et la vengeance, avec de bien jolies images et des dialogues en langage précieux du 18ème siècle. Tout cela, avec un côté suranné, précieux, un brin théâtral est plutôt délicieux à regarder, y compris l'ennui qui ne tarde pas à gagner le spectateur devant l'évolution plus que prévisible de l'intrigue amoureuse.
fabuleux, grandiose chef d'oeuvre. mise en scène incroyable surtout pour un film français, en plein monde traditionnel, robes traditionnels en V incroyable, coiffure exellente très féminine, parfaitement filmé et monté, actrices d'incroyable talents, bande son classique médiévale. scénario exellent sur la vie d'une noble et ses amies, son mari, les difficultés et les défis, ruses et astuces, passion et romance, chagrin d'amour.