« La Voie de la Justice », un film puissant en guise de plaidoyer contre la peine de mort, qui curieusement puise toute sa force dans la fragilité, l’hésitation et les doutes de ce jeune avocat confronté à la détresse humaine !
C’est par ce biais que cette réalisation est justement doublement interessante, car si ici on ne met pas les bouchées doubles comme certains l’espéraient, on va par contre avec beaucoup de subtilité, être témoin du dysfonctionnement édifiant de la justice américaine, en particulier dans cet état d’Alabama dans les années 80, lequel est encore fortement imprégné des stigmates du racisme issu des lois ségrégationnistes.
Un visage d’afro-américain suffira amplement à déjà être suspect, puis très vite coupable !
Par les yeux de Bryan Stevenson et par sa personnalité sensible (Michael B. Jordan, impeccable) , on découvre petit à petit tout un tas d’irrégularités effarantes, de procédés monstrueux, qui donnent presque la nausée quand on en saisit l’énormité !
C’est bien là toute l’intelligence de ce film, qui va réussir en dépit des difficultés accumulées, à démontrer la lutte, l’acharnement à réhabiliter ces hommes salis honteusement à tord rien qu’à cause de leur couleur de peau.
Un racisme primaire effarant et pourtant encore tellement répandu !
Sans aucun pathos, ce film va donc nous glacer d’effroi plus d’une fois alors que la préparation à la chaise électrique est décrite avec un côté chirurgical qui fait frémir, tandis que juste avant deux prisonniers s’entraidaient juste à travers le pouvoir de la respiration et de l’imagination !
Poignant, sidérant !
Tout passe ici par ces échanges à la fois désespérés et pourtant plein d’espoir, à travers lesquels il faudra trouver le mot juste pour ne pas plier et abandonner.
Remonter la pente, toujours et croire à l’impossible...
Si ce film de Destin Daniel Cretton n’est pas le premier en soi sur ce sujet, il fait par contre preuve d’une grande délicatesse dans le jeu des acteurs, en magnifiant ainsi les relations des uns envers les autres, et en permettant au passage une réflexion qui nous bouleverse plus d’une fois.
On n’oubliera pas ces images de visages humiliés, dévorés par l’angoisse et la peur de la mort dans ces fameux couloirs qui en portent honteusement son nom !
Quels acteurs uniques, quand on pense au jeu de Jamie Foxx, Rob Morgan ou même l’étonnant Tim Blake Nelson.
Un film immensément nécessaire, indispensable, en dépit des défauts que certains y voient...
Un cinéma encore trop rare et dont on ne saurait se lasser et se passer, tant cette cause devrait être notre première préoccupation et notre première bataille dans « un monde où l’on a plus de pouvoir quand on est riche et coupable, que quand on est pauvre et innocent », alors que justement et actuellement l’indifférence et l’individualisme ne font que se développer de manière galopante !