Découvert avec “States of Grace”, Destin Daniel Cretton a poursuivis en encourageant les communautés solidaires face aux épreuves de la vie. Mais avec son adaptation de "A Story Of Justice And Redemption", il se concentre sur des faits historiques marquants dans l’état de l’Alabama, bien que l’on puisse étendre les mauvaises influences au-delà de cette frontière. Et ce n’est pas faute d’essayer et de persister, car le sujet a maintes fois été revisité. L’injustice règne dans un milieu régi par la loi des hommes blancs, qui abusent de l'héritage de la ségrégation. La condamnation arbitraire au sein de la communauté afro-américaine, c’est un exemple qui préoccupe, car cette minorité ethnique n’a pas fini de souffrir, malgré les valeurs modernes que l’on tente de véhiculer. La condition humaine ne change pas toujours, mais il faut des hommes bons pour réparer les torts, à défaut de les anticiper.
On nous lance ainsi dans un récit, plein de préjudices et contradiction avec la liberté et l’indépendance que symbolise le drapeau Américain. Mais il y a nulle loi, nulle parole qui peuvent briser une haine aussi forte dans les recoins les plus abandonnés. C’est donc dans un élan de solidarité qu’apporte Bryan Stevenson (Michael B. Jordan) qu’on parviendra à répandre la bonne parole, malgré le classicisme de la narration. Jeune et ambitieux, mais le fraîchement diplômé se heurte rapidement à la réalité et à l’absence de justice. Il y a de quoi rappeler Atticus Finch, grossièrement cité, car il est le symbole de justice pure dans le roman de Harper Lee “To Kill a Mockingbird”, également adapté au cinéma dans “Du Silence et des Ombres”. Mais c’est dans les pas de ce héros de l’ombre que Bryan marche. Après avoir tutoyé l’humiliation et l'incompréhension de son métier, la discrimination passe rapidement sur le plan sociétal. En fondant “Equal Justice Initiative”, un cabinet d’assistance juridique gratuit, nous prenons la mesure de tout un système qui déforment les propos, les preuves et la vérité.
Malheureusement, bien que l’œuvre soit doté de bonnes intentions, les motivations ne sont pas les mêmes d’un point de vue cinématographique. Pas de mise en scène flamboyante, le montage est plat et le sujet n’est effleuré qu’en surface. Il fallait donc de bons comédiens pour nous tenir en haleine, car ils se rattrapent bien sur l’écriture. Walter McMillan (Jamie Foxx) est cette fameuse victime d’un harcèlement policier et cette plaidoirie maquillé pour qu’il reste dans le couloir de la mort, jusqu’à son exécution. L’humain est bien au cœur de l’action, mais l’émotion peine à en sortir. Cela ne gâche pas pour autant l’exposé sur le racisme des années 80, mais le réalisateur passe souvent à côté de son sujet et finit par nous servir un plat sans sauce et prévisible. De cliché en cliché, nous avançons vers la nécessité, mais c’est bien trop propre pour que cela reste mémorable.
“La Voie de la Justice” (ou “Just Mercy”) est donc en marche et les minorités finissent par trouver le soutien moral et juridique, rien de nouveau. Et dans l’exercice de style qui se limite à évoquer, sans pour autant agir directement, il existe une certaine sagesse et noblesse. On ne peut reprocher à l’œuvre de vouloir rester formel et badigeonner son récit d’une foi aveuglante en l’espoir, c’est ce que fait du bon divertissement. C’est pourquoi il est important de retenir que ce genre de maladresse persiste encore aujourd’hui et que cette promotion vise à provoquer les hommes de lois, qui risquent vie et réputation afin de limiter les erreurs de ce monde.