"Seul sur Mars" arrive dans mon classement, bien en dessous du très bon "Interstellar" et même un cran sous "Gravity" déjà beaucoup plus moyennement apprécié, c'est dire...
Le gros défaut tient à mon avis au manque cruel d'humanisme, de fragilité, de l'absence de réelle sensibilité et d'un minimum de désarroi ressenti par le héros dans sa situation, isolé de tous sur la planète rouge...
Car même seul sur Mars, Matt Damon assure, semble à l'aise, roule des mécaniques et trouve des parades à tous les problèmes et ceci d'une manière tellement évidente, simple et naturelle qu'il en devient le super héros très sérieux et fier de lui, en pleine autosatisfaction, au sourire étincelant presque heureux d'être resté sur place, au point d'en devenir irritant !
De plus sur la terre, tel un véritable devoir de la nation, les avancées et solutions pour lui venir en aide, font tellement écho à ce que justement il programme seul de son côté, que là aussi c'est assez exaspérant !
On ressent une propagande pro américaine, pro NASA où les acclamations, les applaudissements et la fièvre ambiante sont tellement et tellement appuyés que là aussi, un sentiment d'overdose rejaillit bien trop souvent...
Chacun sans trop de rigueur et de vraisemblance, a presque l'air de se faire plaisir, d'avoir à son niveau personnel sa petite idée de génie pile au bon moment, et surtout de la mettre en situation de manière presque risible...
L'agrafeuse et le stylo qui deviennent des objets de l'espace pour décrire la trajectoire et l'opération de sauvetage d'une façon presque loufoque, le sel et le poivre manipulés dans le vaisseau spatial pour illustrer et calculer très très rigoureusement le sauvetage du naufragé !!!
Tout est tellement évident, tous ont l'air tellement calés et sûrs de leur démarche que ça en devient vite ennuyeux, long en manquant cruellement de dimension dramatique...
On ne ressent quasiment jamais aucune oppression, aucune inquiétude alors que déjà d'emblée et à fortiori, on connaît évidemment l'issue du film, que jamais, ô grand jamais, on ne se sent impliqué ou éprouver un minimum d'identification avec le héros...
Générer le stress, l'angoisse, le doute, la remise en question était essentiel à ce genre de réalisation !
D'autres films bien avant celui-ci l'avait extrêmement bien retranscrit comme "Seul au monde" de Robert Zemeckis, où tout un travail de réflexion, où la débrouillardise était formidablement mise en avant et faisait que le spectateur était en complète empathie avec Tom Hanks, en devenant presque ce fameux ballon avec qui il dialoguait de manière si spirituelle...
Cette fois-ci le ton est léger et anodin, presque banal, on surfe sur des lieux communs, des clichés tellement énormes et tellement prévisibles que rien n'étonne ou émeut...
Et que d'incohérences sur les possibilités techniques offertes sur Mars et sur les trouvailles impossibles de ce Mac Giver au rouleau de scotch et cultivant ses pommes de terre, botaniste et fier de lui en toutes circonstances au point de prendre des poses de star et sourire face à la caméra, musique branchée en prime, ce qui rend au bout du compte ces scènes artificielles, fausses et horripilantes !
Il ne reste juste que ces superbes paysages martiens, auxquels on n'accorde pas assez de place ou d'importance et comble de tout, que cette 3D assombrit alors que surprise, la lumière devient tellement belle quand on relève avec plaisir et de plus en plus souvent, ces maudites lunettes !
Non le bilan est pour moi loin d'être positif, encore plus quand tout a été pensé et étudié pour ratisser le plus large possible, jusqu'au public chinois qui verra d'un bon œil évidemment ce dernier opus très surfait de Ridley Scott !
Ah..., à vouloir trop en faire et trop montrer, on se sent aussi perdu dans ce film sans savoir à quoi se rattacher, que Matt Damon lui-même dans l'immensité de l'espace !
Une petite corde pour nous aussi s'il vous plait, rien qu'un fil conducteur qui nous manque énormément...