Ah ! La conquête de l’espace ! Je l’avoue, cette thématique, elle me parle énormément. Donc oui, forcément, j’attendais ce « Martian » avec une certaine excitation, même si bon, je pense qu’on sera presque tous d’accord pour dire que ; quand il s’agit de Ridley Scott, mieux vaut savoir rester prudent… Qu’en-a-t-il donc finalement été me concernant ? Eh bien tout d’abord il me semble que ma note parle déjà pour moi. Oui, j’ai clairement préféré ce « Martian » au désespérant « Prometheus », mais non, je n’ai pas vécu le frisson des grands films de Ridley Scott ou bien même encore celui des plus belles aventures spatiales que j’ai connu au cinéma (Ahhh… « 2001 », « Sunshine », « Gravity », « Interstellar »… Des films comme ça j’en voudrais tous les mois !) Et d’ailleurs, au fond, ce qui m’attriste avec ce « Martian », c’est qu’il avait quand même de quoi entrer dans les grandes fresques spatiales. Seulement voilà… « The Martian » est un film du Ridley Scott du XXIe siècle. Cela veut dire qu’il peut tout aussi bien nous emmener sur des pistes vachement intéressantes qu’il peut être capable de sombrer dans de bien tristes abîmes qui ne sont pas dignes d’un réalisateur de ce rang. L’intro pour moi est un bon exemple. Alors que le film nous promet d’aller sur Mars – excusez du peu – les premières minutes nous zappent toute la phase de découverte de ce lieu insolite. Non, il faut que ça aille vite, donc on présente tout le monde très rapidement, et puis on balance tout de suite une péripétie pour que tout ça soit très péchue et qu’on arrive au plus vite à la situation que le film entend traiter : Matt Damon laissé seul sur Mars. Alors autant d’habitude j’adhère à ce genre d’initiative, autant là je trouve que dans la pratique, ça gâche pas mal de choses. Pour moi, commencer directement sur Mars, c’était déjà rentrer directement dans le vif du sujet ! Moi ça me suffisait largement pour me tenir en haleine. Pas besoin d’en rajouter des caisses ! Mais là, à vouloir précipiter les choses, à s’efforcer de rester absolument dans le cahier des charges du cinéma d’action du début du vingt-et-unième siècle, on se retrouve avec une intro assez illisible. Les plus sont cutés trop court, les péripéties enchatonnent trop vite, personnellement j’ai vraiment galéré à trouver mes marques. Je subissais sans vraiment comprendre les enjeux et puis surtout – mais merde alors ! – je n’ai même pas eu le temps de me familiariser avec Mars ! Et ce choix d’intro, je l’avoue, je l’ai vraiment maudis pendant une longue partie du film parce que, par la suite, ce que le film a voulu mettre en place était quand même vachement sympa. Au départ je craignais que le film n’évolue vers une simple histoire de « survival » à la « 128 heures » mais – fort heureusement – « The Martian » va bien au-delà de ça. Et là où le film se fait très malin, c’est qu’il devient très vite pédago sur ce qu’implique la conquête sur Mars : les contraintes, les distances, les éléments nécessaires pour s’installer et même l’historique de la conquête de Mars (d’ailleurs ce film contient à ce sujet un moment que je trouve vraiment énorme, presque culte : c’est lorsque
Watney tombe sur Pathfinder. Je trouve que ce genre d’idée refile une sorte de grand vertige à l’égard de ce qui s’est déjà passé dans ce domaine, mais aussi par rapport à ce que ça représente vraiment en terme d’Histoire de l’humain… Pour le coup, rien que pour ça : merci Ridley pour ce petit frisson.
) Bon point aussi, le film parvient assez habilement à faire la balance entre la situation anxiogène du début et ce qu’on va nous présenter par la suite comme une incroyable aventure humaine totalement grisante. Et là, je dois bien le reconnaitre, arrivé au milieu du film, j’étais clairement pris dans le trip et j’étais prêt à totalement décoller pour le climax final… Seulement voilà, alors que le film commençait à me faire oublier les pesanteurs hollywoodiennes qui avaient sabordé le début, voilà que celles-ci reviennent en force lors du dernier tiers. Et là, autant ma suspension d’incrédulité supportait très bien tout ce qu’on m’avait dit jusque là, autant la surenchère à la péripétie m’a bien achevé sur la fin (
Pour ceux qui ont vu le film, rappelez-vous : on fait péter des modules pour ralentir une station spatiale ; on se perse sa combinaison d’astronaute pour se propulser dans l’espace ( !), on obtient l’aide généreuse des Chinois (?) et on nous fait des échanges de connaissances entre la NASA et la CNSA (?????) pour rendre possible un plan de sauvetage au coût astronomique… J’en passe et des meilleurs. Oui, c’est tout de même une vraie fête du slip cette fin !
) Mais bon, outre le fait que cette surenchère finale de péripéties rallonge démesurément le film, tout cela aurait pu malgré tout passer si, en plus de cela, Ridley Scott n’avait pas jugé bon de nous ressortir tous les clichés du gros blockbuster à base d’ « yeux du monde entier tournés vers les Américains » et de grands « hourras universels pour la grandeur ultime des Etats-Unis et pour la gloire du héros ». Franchement, ça, pour moi, c’est vraiment des recettes d’un autre temps et surtout d’un autre type de films. Roland Emmerick me fait ça, je comprends. Michael Bay me fait ça, je comprends aussi. Que Ridley Scott se réduise à boursouffler son film avec ça, de peur qu’il n’y ait pas suffisamment de coulis d’émotion sur la tranche d’émotion, je trouve ça juste totalement décevant. Au final, je me trouve même assez généreux à l’égard de ce « Martian » de lui pardonner tout cela en lui attribuant une note toute de même honorable de « 3 étoiles ». Mais bon, il faut tout de même le reconnaitre, dans ce jeu de montagnes russes, il faut malgré tout bien reconnaitre que le plaisir apporté par les hauts valent bien les lassitudes et les serrages de dents que provoquent les bas. Donc oui, inégal et bien long ce « Martian » mais bon… les beaux souvenirs des grandes aventures se font parfois à ce prix là…