Bien que je n’en fasse pas mon film de chevet et qu’il n’ait pas le même impact sur moi que chez certains fans, je gardais un bon souvenir de ma découverte de « Blade Runner » et j’étais assez curieux de découvrir sa suite « Blade Runner 2049 », sorti des années plus tard. L’ayant raté en salles par manque de temps, j’ai donc dû me rabattre sur une diffusion à la télévision pour enfin le découvrir.
Avec toutes les éloges que j’ai pu lire à son sujet, j’avais quand même un peu peur d’être déçu. Au final, pas du tout. On peut même dire que j’ai bien aimé. Dès les premières minutes, je me suis plongé dans ce récit que je trouve assez intelligent. Riche en clin d’œil et en hommage au premier film, le scénario écrit par Hampton Fancher et Michael Green s’avère être une vraie suite. On est loin du simple copier-coller, on est dans une vraie continuité qui joue en plus avec justesse sur le temps qui sépare ce long métrage du premier film de Ridley Scott.
Concernant les thématiques, on retrouve les même sujets. Tout ce que j’avais apprécié dans le premier film se retrouve un peu plus approfondi ici toujours dans cette recherche de nous proposer quelque chose de nouveau. Il y a tout un pan de notre société qui est décrit avec une certaine noirceur que j’ai apprécié notamment parce que l’on tombe jamais dans la facilité. Cette façon de dénigrer ce que l’on juge inférieur à nous, cette façon de compter sur la technologie et les conséquences qu’un black-out peut avoir, ses villes remplies où chaque âme semble pourtant bien seule, ce besoin de contrôle… Il y a vraiment plein d’aspects que j’ai trouvé intéressant et je pense que c’est le genre de films où l’on découvre même de nouvelles choses au fur et à mesure de nos visionnages avec de nouvelles pensées et de nouveaux débats qui s’ouvre à nous.
Malgré ce scénario très riche, tout comme pour le film de Ridley Scott, je n’en ferais pas pour autant mon film de chevet maintenant. C’est purement subjectif mais c’est bien trop bavard et long pour que j’éprouve le besoin de le revoir souvent même si de nouveaux visionnages viendront pour ma part j’en suis convaincu. Finalement, je place ses deux œuvres au même niveau mais j’aurais quand même une petite préférence pour le film de Denis Villeneuve à cause d’une chose : Les émotions que le film véhiculent. En effet, j’ai vraiment été touché par les émotions que l’on a crée à travers ses répliquants, cette façon d’être indispensable et pourtant d’être mis en retrait de la société. J’ai trouvé très touchante leurs approches de la vie, de l’amour. La romance entre Joe et Joi en est un parfait exemple. Ce n’est jamais ridicule, il y a énormément de tendresse qui se dégage. L’utilisation des souvenirs et l’impact qu’ils peuvent avoir sur notre vie m’a également beaucoup plu.
Côté casting, ma principale crainte, c’était Ryan Gosling (L’officier K / Joe). Je n’ai rien contre l’acteur mais je trouve souvent son jeu inexpressif et ses interprétations me parle peu même lorsqu’elles sont bonnes. Ici, son jeu inexpressif colle plutôt bien à son personnage. Il réussit même à faire des naître des émotions chez moi que lorsque c’est nécessaire en faisant passer pas mal de choses dans son regard. Encore une fois, je ne suis pas fan mais là, ça passe bien je dois le reconnaître et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai eu beaucoup de sympathie pour son personnage. J’ai beaucoup aimé son duo avec Ana De Armas (Joi) qui elle aussi m’a agréablement surpris et beaucoup touché.
Pour le reste, le casting fait aussi son boulot de façon excellente. Il y a bien une petite frustration de voir Harrison Ford (Rick Deckard) n’apparaître que pour le dernier acte mais le plaisir de retrouver son personnage et son charisme reste intacte. Du point de vue de la frustration, je trouve ça dommage aussi que l’on voit assez peu Jared Leto (Niander Wallace). Son rôle est important mais finalement on le voit peu. Après, si on le voyait davantage est-ce que cela aurait marché ? Je n’en sais rien car l’acteur en fait quand même des caisses je trouve décrédibilisant son personnage par moment. J’aurais bien aimé en voir plus sur Carla Juri (Ana Stelline) même si je comprends qu’elle soit un peu plus mise en retrait tandis que le personnage de Sylvia Hoeks (Luv) m’a plu même si dans son écriture, elle est parfois un peu trop expéditif. J’ai une pensée aussi pour Robin Wright (Joshi) ou encore David Bautista (Sapper Morton) qui font le job malgré leurs temps de présence.
Derrière la caméra, c’est le choix de Denis Villeneuve qui me faisait peur. Là encore, je n’ai rien contre lui mais du peu que j’ai vu, je trouve souvent ça beau mais ennuyeux et pour un film de presque trois heures, le côté ennuyeux et lent me faisait peur. Finalement, ça a été. Il y a des lenteurs dans le rythme je ne le nie pas mais je ne me suis jamais réellement ennuyé. Le film a un petit côté captivant et fascinant qui fait que je suis resté accroché de bout en bout sans voir le temps passé. La réalisation est fluide, elle va a l’essentiel et même si je n’aurais rien eu contre un peu plus de rythme, au final, cela colle très bien à cette ambiance, à cet atmosphère.
Visuellement, c’est très beau. Quelques plans sont un peu trop sombre à mon goût mais ça passe quand même et le film mérite toutes les louanges qu’on lui a fait sur sa photographie. Il y a une lumière efficace mais j’aurais juste aimé des images un peu plus claires parfois. On a le droit à de vrais tableaux futuristes et sans tomber dans l’excès, on dépoussière un peu les effets visuels du film de Ridley Scott qui de son côté ont pris un coup de vieux. J’ai aimé la richesse des décors et la qualité des différents costumes. On sent les années d’écart entre le film de Ridley Scott et celui de Denis Villeneuve, ce 2049 est nettement plus au goût du jour mais pourtant, il y a une cohérence entre les deux films qui font que là aussi, on s’inscrit dans la continuité sans que cela soit choquant.
Le montage est sinon réussi. Personnellement, je n’avais pas vu venir le twist final et après ma projection, j’ai beaucoup aimé le fait que le film continue de me travailler. Je n’ai eu de cesse de repenser à son fond mais aussi à sa forme qui est d’une très grande qualité. Quant à la bande originale composée par Benjamin Wallfisch et Hans Zimmer, malgré quelques lourdeurs, elle reste envoûtante. Je regrette juste de ne pas être parvenu à dégager un thème musicale phare de cette partition. A noter qu’un très grand travail a été fait sur le son également.
Pour résumer, « Blade Runner » et « Blade Runner 2049 », même combat à mes yeux. Deux excellents films sur le fond et sur la forme qui s’intègre à merveille à l’époque où ils ont été réalisés. Pour tous les deux, je n’en ferais pas un film de chevets mais un classique ça c’est sûr dont la richesse du scénario et de la réalisation nous pousse à continuer le film après la projection. Loin d’un simple copier-coller opportuniste, on a une vraie suite efficace que j’ai suivi avec beaucoup de plaisir et que je reverrais avec ce même plaisir en étant convaincu que je découvrirais de nouvelles choses. Petite préférence maintenant quand même pour « Blade Runner 2049 » pour les émotions qu’il a réussi à me transmettre et qui m’ont beaucoup touché.