Critique de "Under the Skin"
Introduction : "Under the Skin" est un film de science-fiction britannique réalisé par Jonathan Glazer, sorti en 2013. Adapté du roman éponyme de Michel Faber, ce film met en scène Scarlett Johansson dans le rôle principal. Véritable ovni cinématographique, il a été salué pour son audace et son atmosphère unique, mais divise également par ses choix esthétiques et narratifs.
Synopsis : En Écosse, Laura, une extraterrestre sous une apparence humaine, séduit des hommes solitaires pour les emmener dans une maison où ils disparaissent dans un liquide mystérieux. Supervisée par un motard vigilant, elle doit rester insensible à son enveloppe humaine. Cependant, un jour, elle laisse partir un homme défiguré par la neurofibromatose, ce qui marque le début de sa propre errance et de la découverte de ses limites émotionnelles et physiques.
Analyse :
Ambiance et esthétique :
"Under the Skin" se distingue par son ambiance froide et inquiétante, portée par une direction artistique minimaliste mais efficace. La photographie de Daniel Landin capte une Écosse sombre et déshumanisée, accentuant le sentiment d'étrangeté. Les scènes où les hommes disparaissent dans le liquide noir sont particulièrement marquantes, visuellement hypnotiques et symboliquement chargées. Cependant, cette même esthétique peut sembler hermétique et peu accessible, limitant ainsi l'immersion pour certains spectateurs.
Interprétation de Scarlett Johansson :
Scarlett Johansson livre une performance intrigante et perturbante. Son jeu, marqué par une froideur clinique, sert parfaitement le personnage de Laura, cette prédatrice extraterrestre dénuée d'émotions humaines. Toutefois, cette interprétation distante peut aussi rendre difficile la connexion émotionnelle avec le personnage, créant une barrière supplémentaire pour le spectateur.
Scénario et narration :
Le scénario de Walter Campbell, fidèle au roman de Faber, choisit de laisser de nombreuses zones d'ombre et ambiguïtés. Cette approche, si elle peut être perçue comme une richesse narrative, risque également de frustrer les spectateurs en quête de réponses claires et d'une structure narrative plus conventionnelle. Les ellipses et la lenteur du film, bien que contribuant à son atmosphère hypnotique, peuvent paraître languissantes et déconcertantes.
Bande sonore :
La musique de Mica Levi est une composante essentielle de l'identité du film. Ses compositions dissonantes et dérangeantes enveloppent le film d'une aura sonore unique, renforçant l'étrangeté de l'expérience. Toutefois, cette bande sonore atypique peut être perçue comme oppressante et aliénante, ajoutant à la difficulté d'accès du film.
Thématiques et symbolisme :
"Under the Skin" explore des thématiques profondes telles que l'identité, la perception du corps et l'altérité. Le film questionne ce qui fait de nous des humains, à travers le regard d'une extraterrestre qui cherche à comprendre et à imiter l'humanité. Cependant, la manière dont ces thèmes sont abordés, souvent de manière subtile et implicite, peut laisser certains spectateurs perplexes, voire insatisfaits.
Conclusion :
"Under the Skin" est un film ambitieux et singulier, qui propose une expérience sensorielle et intellectuelle hors du commun. Jonathan Glazer réussit à créer un univers à la fois fascinant et dérangeant, soutenu par une performance notable de Scarlett Johansson et une bande sonore mémorable. Cependant, son approche minimaliste et son refus de suivre une narration traditionnelle peuvent le rendre difficile d'accès, voire frustrant pour certains. En fin de compte, "Under the Skin" est un film qui mérite d'être vu pour son audace et son originalité, mais qui ne parviendra pas à séduire tous les spectateurs de la même manière.