J'ai eu du mal à noter cette œuvre étrange, réalisée par Jonathan Glazer et sortie en 2013, tellement elle est déconcertante ! J'ai d'ailleurs eu un peu de mal à m'y mettre car je connaissais le caractère abstrait qui m'attendais. Finalement, même si honnêtement, je ne regarderai pas ce film une seconde fois, je dois admettre que cela donne matière à réfléchir et que ça change en tout cas des gros blockbusters de science-fiction américains. Il en faut en effet pour tous les gouts et ce genre de film dont la presse spécialisée raffole, n'est franchement pas au gout de tout le monde ! Et on peut le comprendre car il n'y a finalement pas d'histoire linéaire, c'est au spectateur de faire une grosse partie du travail, à la fois sur la narration mais aussi analytique. Le film laisse en effet plusieurs pistes auquel il n'apportera jamais de réponse. D'où vient le personnage principal et quel est son but, qui est le motard et à quoi il sert ? Tant de questions auquel le final ne comblera qu'une infime partie de toutes nos frustrations. Pour remettre les choses dans son contexte, c'est l'histoire d'une extraterrestre qui, au volant de sa camionnette, appâte des hommes dans le but de prendre leur peau, qui servira à d'autres extraterrestres. Malgré le côté plutôt glauque du truc, le film ne joue pas sur cette ambiance, nous sommes pourtant à bien des moments confrontés à la froideur et à l'indifférence du personnage principal (notamment avec l'horrible scène de la plage) mais le film n'enfonce pas le clou, la caméra filme juste les choses telles qu'elles sont, sans artifices. Et on ne peut se poser la question alors du rôle du cinéma, est-ce que le film aurait plus de valeur avec des effets spéciaux et des scènes d'action de dingue ou est-ce que le côté artistique se suffit à lui-même ? Le spectateur peut alors s’interroger sur son rapport à l'art et alors, à la manière d'un tableau abstrait, se questionner sur ce lui plait ou non ; et je pense que c'est pour ça que le film divise autant (enfin, encore une fois, mis à part la presse spécialisée qui voit du génie dans chaque film un peu barré de ce type). Pour ma part, sans y voir du génie (faut pas déconner non plus), j'ai bien aimé toute la seconde partie et notamment sur cette relation atypique et silencieuse entre l'extraterrestre et l'homme qu'elle croise à l'arrêt de bus. J'ai aussi beaucoup aimé les images, là pour le coup très abstraites, que nous sort le film de temps en temps. Le discours du film n'est pas non plus à mettre de côté, on peut y voir, à travers cet extraterrestre perdue dans un corps qu'elle ne comprend pas, notre relation à notre propre corps et à celui des autres et, par extension, à notre place dans ce monde. On ne se pose jamais trop la question car c'est un peu flippant, alors le film le fait à notre place. La fin est d'ailleurs intéressante car elle pose beaucoup de questions sur la différence et l'acceptation des autres. Peut-être que je pars un peu loin (et je n'ai pas envie de faire de la psychologie de comptoir) mais c'est en tout cas mon ressenti personnel. En ce qui concerne le casting, nous retiendrons surtout Scarlett Johansson qui nous prouve une fois de plus qu'elle peut tout faire ! "Under the Skin" est donc un film pour le moins déroutant qu'il faut voir, non pas comme un film de cinéma, mais comme une œuvre abstraite, expérimentale.