Difficile de savoir si j'ai aimé ou non Under the Skin. Côté positif, l'ambiance est très travaillée et esthétisante. Il se dégage à la fois une tension angoissante et érotique dans ce long métrage, telle qu'on en voit peu au cinéma, tension principalement orchestrée par les scènes qui se répètent dans lesquelles l'héroïne amène des hommes dans son antre, et où l'on en découvre un peu plus à chaque fois (corps de l'héroïne dénudé, cadrages plus larges sur les personnages, etc.), ce qui crée une attente qui place le spectateur en position de voyeur. Sur ce point, c'est très bien joué de la part du réalisateur ! On aimera ou non la musique - personnellement j’appellerai ça plutôt du bruit -, mais elle participe tellement à l'ambiance qu'elle est parfaitement justifiée. Plusieurs scènes sont de toute beauté et l'aspect caméra à l'épaule (on se croirait au début dans un documentaire), cadrages qui dévoilent mal les visages, etc. sont immersifs, participant à la création d'une expérience cinématographique intéressante (mais loin d'être inédite).
Avouons que le principal intérêt de ce film tourne autour de la présence de Scarlett Johansson. Aurais-ton autant parlé de ce long métrage sans sa présence ? Probablement pas... Il faut dire que Jonathan Glazer met parfaitement en valeur le corps de l'héroïne qu'il filme sous toutes les coutures.
Et c'est là qu'on trouve le défaut principal du film : à trop vouloir mettre en avant le corps de l'actrice, le récit est relégué au second plan et n'a aucun intérêt. Le rythme est lent, mise à part la dernière partie du film, les scènes se répètent sans fin (Scarlett dans son camion, elle rencontre un homme seul, Scarlett à nouveau dans son camion, une nouvelle rencontre, etc.), certaines scènes n'ont aucun intérêt ou sont trop longues et le parti pris visuel ne sert à aucun moment la narration.
On a donc affaire à une belle coquille, parfaitement ornée, mais vide de sens, et c'est bien dommage. On se sent lésé à la fin de la séance : tout ça pour quoi ? Car avouons le, certains critiques auront beau crier au génie, le film ne nous dit objectivement rien, et il faut surinterpréter pour réussir à trouver une hypothétique profondeur cachée au film.
Under the Skin reste quand même une belle expérience cinématographique, qui repose entièrement sur l'aura de Scarlett Johansson, mais c'est loin d'être un chef-d'oeuvre.