Lucy est un film qui mérite d'être défendu. Parfaitement. Parce que mélanger The Tree of Life, Samsara, 2001 l'odyssée de l'espace et Taxi, c'est d'une ambition qui frôle l'inconscience.
Lucy mérite d'être défendu car à aucun moment Luc Besson ne méprise son public, ou ne prend le spectateur pour un crétin : le mec est vraiment persuadé de bien faire, c'est tout à fait sincère , quand il alterne les plans sur Lucy prise au piège / une gazelle, et les méchants qui arrivent / des guépards, il est convaincu d'être subtil.
Lucy mérite d'être défendu parce qu'on ne s'ennuie jamais, tellement le film prend soin de se vautrer lamentablement à chaque plan. Dans un format parfait de 90 minutes bien tassées, on bondit de manière quasi hystérique d'une idée ratée à l'autre, et la consternation ne laissera jamais le temps à la morfonderie de s'installer.
Lucy mérite enfin d'être défendu car c'est le seul remède que j'ai trouvé au syndrome du "je t'aime Scarlett". Pour bien rendre visuelle l'intelligence détachée émotionnellement, la belle mime systématiquement une poule devant un couteau pneumatique programmable, regard fixe et tête penchée, arborant l'air d'un cyborg digne des nanars de SyFy. Et , mon Dieu Scarlett ! Que tu es mauvaise quand tu surjoues l'overdose épileptique à gravité variable ou quand tu déclames "1+1 n'a jamais fait 2, l'unité n'est pas l'individu mais le temps". C'est cool, parce que tu fais de la peine mais au moins maintenant je sais que tu n'es pas parfaite.
Bref, je défend Lucy et j'assume, parce que cet équivalent filmique aux phrases illuminées de Jean-Claude Van Damme, avec son décalage inouï entre ambition et résultat, m'aura fait passer un très bon moment, une heure trente de magie où la consternation confine à l'émerveillement, tout simplement.