A la lecture des commentaires dithyrambique des nombreux critiques patentés pour ce film, on ne peut réprimer l’envie de se frotter les yeux. Les Cahiers ont vu « un trip transcendantaliste dans une nature retrouvée », le Monde lui a vu « Une radicalité formelle absolue s’y conjuguant avec la dynamique haletante d'une chasse à l'homme digne des meilleurs films d'action hollywoodiens ». Toutes ces élucubrations ne prouvent qu’une seule chose : certains ne vont pas au cinéma à jeun. Car si les films d’action Hollywoodiens étaient aussi peu palpitants que cet "Essential Killing", ni Swartzy, ni Statham, ni même Stallone, encore moins Willis, ou tout autre baroudeur, ne vivrait dans l'opulence qu'on leur connaît. Voir une quelconque rigueur, un quelconque attrait dans ce film est abérrant. Car pour commencer, ce film est une supercherie à tout point de vue. Déjà au niveau du titre. Aucun des multiples crimes que commet notre « héros » n’est essentiel. Tous ses « killings » sont vains. Ils lui permettent tout au plus de retarder son destin. Un destin qui est déjà scellé puisqu’il est recherché apparemment mort ou vif en hélicoptère pour des crimes déjà commis avant que ne commence le film. La supercherie réside aussi dans le message de compassion et de justice que veut faire passer Jerzy Skolimowski. Comment croire que le traitement infligé aux Talibans et autres Islamistes dans les Guantanamo occidentaux est injuste ? L'énumération par le cinéaste des détails musclés du Guantanamo local parait dérisoire en comparaison à ce que l’on sait des atrocités que les Talibans ou les troupes de l’Etat Islamiste font subir aux populations musulmanes sur place lorsqu’elles ne leur obéissent pas au doigt et à l’œil. Sans parler de l’esclavage sexuel et autres abominations que les collègues de notre héros font subir aux populations non Chrétiennes ou Musulmanes non Sunnites. Où y a-t-il la moindre rigueur artistique, ou même du réalisme dans l’accumulation des apparitions fortuites et presque anachroniques des personnages que croise le fuyard ? En pleine pampa, il trouve toujours le moyen de surprendre par derrière des quidams. Parmi ces malchanceux quidams, notre Taliban suprend et tue des gardes à l’arrêt, sans raison apparente, au beau milieu de la route, une sono de Rock Métal hurlant à fond les ballons. Il surprend aussi un pécheur à la ligne dans la neige, qui, négligemment, rejette ses poissons par derrière, que notre Taliban galopeur s’empresse de ramasser. La rencontre la plus improbable est cette étrange cycliste, qui d’une main allaite un bébé, et de l’autre conduit son vélo, et ce, bien sûr, en pleine neige. Jerzy Skolimowski pousse encore plus loin le bouchon en mettant sur la route de notre chanceux Taliban, une bonne âme restauratrice et soigneuse, qui détail fort pratique, est sourde et muette. Et cerise sur le gâteau, elle se prend d’affection pour notre pauvre Taliban, dont elle ne révèle rien aux soldats partis à ses trousses. Que notre polonais fantasque de cinéaste délire, c’est compréhensible, mais que des critiques payés par leur magazine crient au génie, et que des jurys décernent plusieurs prix à ce navet tiré par les cheveux, et d'un ennuie mortel, au détriment d'oeuvres de valeur, sorties cette année-là, est tout simplement un coup de matraque inexplicablement asséné sur l’intellect des cinéphiles normalement constitués.