Un film magnifique, superbement interprété, sur un sujet rarement abordé au cinéma : le couple, en temps que socle de la famille de nos sociétés contemporaines. Est-ce que ce socle est le seul légitime ? Est-ce que la fidélité est un principe absolu et non transgressif ? Ici on est pas du tout dans une expérience échangiste, comme on le dit à tort . Les 2 couples se rencontrent et commencent à s’aimer en croisant leurs sentiments, tout en continuant à aimer leur partenaire orignal. Dans l’échangisme il n’y a pas d’amour, mais juste un échange (un prêt ) des corps, et une sexualité ouverte pour générer de l’excitation et mettre du piment au couple d’origine, il n’y a pas d’amour, et tout le monde se sépare au petit matin ( en théorie) . Ici les deux couples qui s’aiment vont essayer d’expérimenter un ménage à quatre tout, en gardant certaines règles non dites. Chaque couple de base reste la référence, et les « amants » doivent se retrouver en parallèle. Les sensations sont très fortes, car chacun vit deux amours forts à la fois, mais officiellement (on est pas dans l’adultère) . Les deux filles s’apprécient aussi, et iront même jusqu’à une expérience bisexuelle. C’est un couple élargi ( à quatre), mais ce n’est pas l’amour en collectivité à partenaire multiples, qui comme l’histoire l’a démontré à plusieurs reprises, ne peut pas fonctionner. Est-ce que l’on peut sincèrement aimer en dehors de son couple ? Toutes ces questions sont captivantes, et traitées de manière non exhaustives et intelligentes. L’épilogue final, très émouvant, très pudique , très juste, apporte une partie de réponse. Bien sûr le film vaut aussi par l’excellente interprétations des 4 protagonistes. Marina Fois, d’une beauté diaphane, une madone, torturée par son dilemme, qui voudrait conserver et prolonger cet état de grâce, tour à tour, romantique, tragique , légère, fragile , érotique, son corps est magnifique, diffèrent , un vrai corps de femme, il électrise la pellicule. Ses scènes de sexe sont superbes , avec Duvauchelle , d’une violence surprenante, presque empreinte de sadisme, et atypique , puis avec Elodie Bouchez dans son duo Bisex, tellement beau, sensuel, un plongeon dans le fantasme. La scène d’amour à quatre dans la farine est jubilatoire, c’est « leur » moment inoubliable, la communion parfaite ,c’est l’osmose trouvée qui ne durera pas . Les deux garçons sont très bons aussi . Et bien sûr Elodie Bouchez , comme à son habitude, donne énormément d’elle même , elle s’investit , donne toute sa sensualité et sa sensibilité, son corps imprime l’écran. A noter la très belle scène de JF Stevenin qui nous récite une allégorie sur le pardon et l’amour, impeccable comme d’habitude, et qui nous rappelle que sa fille Salomé avait été une magnifique interprète du très réussi premier film de Corbier « Douches Froides » ( à voir absolument en VOD) . Antony Cordier filme ces scènes érotiques avec plaisir, avec une précision clinique, c’est superbe. Un des meilleurs réalisateur de sa génération que l’on espère revoir vite .