Patty Jenkins nous offre avec "Wonder Woman" un film qui navigue avec une certaine adresse entre le respect du matériau source et les impératifs du blockbuster moderne. Porté par Gal Gadot, dont le charisme n'est plus à prouver, le film capte l'essence d'une héroïne aussi puissante qu'empathique, nous entraînant dans les tranchées de la Première Guerre mondiale avec une intensité rare.
L'ouverture sur l'île de Themyscira est visuellement époustouflante, tout en introduisant avec brio un matriarcat guerrier d'où surgira notre héroïne. Ces moments, où la mythologie côtoie des paysages à couper le souffle, comptent parmi les plus réussis du film. La transition vers le monde des hommes maintient cette dynamique, explorant avec finesse le choc des cultures vécu par Diana.
Cependant, le film souffre par moments d'une certaine prévisibilité narrative et d'écueils inhérents au genre. Certains antagonistes, notamment le général Ludendorff et Dr. Poison, manquent cruellement de profondeur, réduits à des caricatures de méchants sans nuance. De plus, la résolution du conflit avec Arès, bien que visuellement impressionnante, plonge dans les excès CGI habituels qui peuvent détacher le spectateur de l'engagement émotionnel précédemment établi.
Le cœur du film réside dans son message sur la dualité de la nature humaine, message porté par une Gadot convaincante, dont la performance confère à Diana une innocence guerrière qui est à la fois rafraîchissante et poignante. Le développement de sa relation avec Steve Trevor (Chris Pine) ajoute une couche d'humanité qui renforce le drame personnel au milieu du chaos de la guerre.
Musicalement, la partition de Rupert Gregson-Williams parvient à compléter l'héroïsme de l'image sans surcharger les scènes d'action de fanfares redondantes. Les thèmes sont à la fois puissants et subtils, ce qui est une prouesse pour un film d'action de cette envergure.
En somme, "Wonder Woman" réussit à poser les bases d'un univers où le merveilleux côtoie la brutalité des combats, tout en laissant transparaître les limites d'une structure parfois trop formatée. C'est un spectacle qui ravit et frustre par moments, reflétant les contradictions de son héroïne entre idéalisme et réalité du combat. Jenkins orchestre un ballet entre force et finesse, qui malgré des faiblesses narratives, reste une addition notable à l'univers cinématographique de DC.