« Tu te débrouilles bien… pour une femme. »
Je dois avouer mon inculture concernant le cinéma étasunien des années ‘60/’70, je pensais que Sam Peckinpah était un réalisateur de westerns et de films de guerre uniquement. Quelle ne fut dès lors pas ma surprise de constater que l’action de ce Chiens de paille se déroule dans la campagne anglaise, les Cornouailles en l’occurrence.
Là où je ne me suis pas trompé, c’est que Peckinpah est considéré comme une source d’inspiration par Tarantino et Carpenter pour l’importance jouée par la violence dans ses films. Dès le début de celui-ci, on sent l’ambiance malsaine qui règne dans la première scène, c’est poisseux, tendancieux, malaisant au possible.
Au fil des dialogues impromptus, distillés au compte-goutte, on découvre la personnalité des deux principaux protagonistes, Amy (excellente Susan George à la carrière erratique) et David (Dustin Hoffman) Sumner, un couple moins gnangnan que le laissent paraître les premières images. Notons un toujours aussi parfait et troublant David Warner et un Peter Vaughan (le Mestre Aemon de GoT) en matamore inquiétant.
Au bout d’une demi-heure, une fois que les personnages ont pris de la consistance, on comprend qu’un drame atroce va se produire mais sans savoir qui en sera la victime, qui le bourreau. La tension est ainsi prégnante dans le moindre mot, la plus petite scène, dans un seul regard. C’est du prodige et c’est très difficilement regardable, malgré quelques moments prévisibles (le kitty kitty kitty dans la penderie).
Il y a aussi un clair rapport à la virilité, provoquée par la primalité des habitants (mâles) du village face à la personnalité intello et civilisée de David et aux alertes répétées d’Amy, non sans mentionner la propre dépendance d’Amy aux hommes qui l’entourent, son mari, ses anciens amis. Pamphlet viriliste ou féministe ?
Quoi qu’il en soit, la caméra de Peckinpah se veut objective, crue, elle déballe et c’est à nous de faire le tri. Son regard est profondément ancré dans la symbolique du western.
Et puis, à l’heure de film, on s’aperçoit que c’est une grosse daube qui valorise la culture du viol, la dualité supposée de la femme qui souhaite se faire violer, la prédominance des imbéciles, une bonne grosse merde viriliste avec tous les atours de la toxicité masculine. À gerber.
Poubelle, donc.