Je pourrais faire une critique de plusieurs pages sur le film et sur le personnage principal, tellement ils m’ont inspiré mais franchement j’ai autre chose à faire.
En revanche, je fais le choix d’être synthétique en rédigeant une synthèse.
Le picth : En Chine au 7ième siècle, une fille élevée par sa nourrice reçoit un enseignement martial afin de devenir un assassin professionnel. Adulte, la jeune femme est devenue une redoutable exécutrice. Alors qu’elle est sur le point d’exécuter un contrat, elle retient la lame de son épée attendrie par la présence d’un enfant sur le lieu d’exaction. Pour la punir, sa nourrice l’ordonne d’exécuter le contrat le plus difficile de sa vie.
J’irai droit au but: le film est beau, tourné au format pellicule 35 mm avec l’Arri, probablement la seule marque européenne qui propose des cameras de cinéma pour ce format, le reste doit se trouver au États Unis entre les mains de Nolan, notamment. Il n’y a pas débat, la pellicule ça n’a rien à voir avec le numérique et aucune des caméras professionnelles modernes de ce jour n’atteint le niveau d’une Panaflex, d’une Mitchell, d’autant plus que c’est la gestion de la pellicule (émulation, développement, étalonnage) qui contribue à un tel rendu. Chaque plan de ce film tient du prodige et est un véritable exploit, direction photo, composition des cadres, mouvement, avec en plus le travail sur les décors et les costumes: on s’en prend plein les mirettes. C’est beau, c’est beau, c’est beau et puis c’est tout !
L’actrice principale Shu Qi : même si elle n’a pas beaucoup de dialogues, ses apparitions sont mémorables, son costume noir élégant lui va comme un gant, (En Chine au 7ième siècle, ils savaient se sapper), véritable machine de destruction, elle terrasse en 2 coups de cuillères à pots tous ses adversaires à la manière d’un Maximus, le général magnanime. Elle s’octroie même le droit de vie ou de mort. Elle impressionne dans des chorégraphies millimétrées au cordeau et d’une précision spectaculaire, ses postures et son port altier, ses regards. Elle défouraille et n’a pas de temps à perdre. Qu’elle erre dans les landes, qu’elle apparaisse en pleine lumière ou dans la pénombre, net ou dans le flou, derrière un voile, juchée en haut d’un arbre aux aguets, de profil dans une scène de combat en extérieur où l’on peut admirer le trait de sa mâchoire commençant par la pointe de son oreille jusqu’au menton, les cheveux aux vents et le front dégagé, ou lorsqu’en gros plan face caméra, elle est soignée pour une blessure à l’épaule, et que les traits fins et délicats de son visage dessinent une légère tension visible par le froncement de ses sourcils. Bon dieu, qu’est - ce qu’elle est belle ! On n’a pas idée d’être aussi belle ! Ça devrait être interdit ! Elle personnifie les premiers sonnets de le Vita Nuova de Dante: « Tandis que je m’assoupissais, soudain elle m’est apparue comme dans un rêve !» Sonnets repris par le compositeur Patrick Cassidy sous la forme d’un opéra pour la bande originale de Dragon Rouge et de Kingdom of Heaven et qui porte le bien nommé titre Video cor meum (Vois mon coeur). Oh ! Que c’est beau ! Bon, vous l’aurez compris, j’ai un peu craqué pour l’actrice ou plutôt pour son personnage, elle semble fragile de l’extérieur mais possède une force dévastatrice. J’ai un faible pour les personnages qui semblent indestructibles et qui ont l’instinct de survie chevillé au corps, Tom Stall dans A History of violence, Béatrice Kido dans Kill Bill, Alita, Alien et du coup Ripley et d’autres encore.
Pour la petite histoire et selon la légende, l’actrice Shu Qi a commencé sa carrière comme modèle de photos de charmes et a joué dans quelques films légers et un peu «olé olé» (Grrrrrr...grommellerait Homère S.), après avoir réussie à intégrer le cycle du cinéma traditionnel, elle a décroché le rôle titre dans Tigre et Dragon. Après quelque jours de tournages, son agent l’a forcé à abandonner le plateau pour jouer dans une pub de soda célèbre en prétextant que le film ne marcherait pas. La Boulette extra monumentale ! Un agent est censé assuré les intérêts des acteurs ! Ben là, c’est loupé ! Aux dernières nouvelles, il vit reclus dans une région isolée et peu fréquentée, les ongles recourbées et les cheveux hirsutes, il passe ses journées dans une grotte éclairée à la bougie en envoyant des fléchettes sur l’affiche défraîchie du film Tigre et Dragon. Mais bon il est livré en soda gratos. Ça valait peut être le coup finalement.
Le film The Assassin a obtenu le Prix de la Mise en Scène, et j’ai enfin compris les critères pour l’obtenir en le visionnant. Beau mais incompréhensible ! La recette gagnante pour ce prix. Incompréhensible comme le choix du réalisateur Hou Hsiao-hsien de procéder à des ellipses notamment pour les séquences de combats. On voit bien que ces séquences ont bénéficié d’un travail rigoureux aussi bien pour les comédiens et les cascadeurs que les équipes de tournages (combats à l’épée, tir à l’arc à cheval, etc.)...mais alors pourquoi les avoir coupées au montage final ! Sérieux, là ! Le superviseur des cascades doit l’avoir mauvaise. Franchement c’est comme être sur le point d’avoir un orgasme et finalement rester en plan. C’est un coït interrompus ! Ça craint !
En conclusion, un beau film avec une belle actrice, ça me suffit pour lâcher un billet. Je lui mets pas 5 étoiles mais 4 à cause des ellipses.
Bon film !