Mon compte
    The Assassin
    Note moyenne
    3,0
    1444 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur The Assassin ?

    179 critiques spectateurs

    5
    25 critiques
    4
    25 critiques
    3
    38 critiques
    2
    48 critiques
    1
    30 critiques
    0
    13 critiques
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    vincentasc
    vincentasc

    33 abonnés 148 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 mars 2016
    Histoire incompréhensible. Changement de format sans raison apparente. Mise en scène hermétique. Lenteur non justifiée. Dialogue poétique mais dénué de sens. Motivation des personnages floue. Il n'y a que le jury du festival de Cannes pour trouver des raisons de se pâmer devant tant de prétention. En même temps c'est chinois. Un autre monde. Une autre façon de voir les choses et d'aborder l'art.
    Alizée R.
    Alizée R.

    8 abonnés 39 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 mars 2016
    Un véritable conte, je ne m'attendais pas à un résultat aussi esthétisant et poétique, les images sont d'une beauté surprenante, on y retrouve aussi la ravissante Shu Qi, hypnotique, un pur moment de cinéma!
    Une merveille absolue, écrasant, un voyage dans le temps ...
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 10 mars 2016
    Je pensais passer un bon et grand moment dans le genre "action"......qu'elle déception !!!!
    je me suis ennuyée à mourir, il n'y a quasi pas de dialogue. J'ai été jusqu'au bout du film en attendant de l'action, j'attends encore !
    si vous attendez du grand film d'action, attendez vous à rien de tout cela.
    Extremagic
    Extremagic

    68 abonnés 484 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 février 2016
    La sobriété de l'harmonie. Je trouve que ça rend bien compte du film. Même si je connais assez mal le cinéma d'Hou Hsia-Hsien c'est clairement un des meilleurs films que j'ai pu lui voir. Alors je l'ai vu dans des conditions optimales et c'était le film que j'attendais le plus cette année. Ma patience à porté ses fruits. Tout ceux qui l'avaient vu fin 2015 parlaient déjà du meilleur film de 2016 alors que l'année n'avait même pas commencée. Ca l'est clairement. Ca restera en tout cas l'un des meilleurs. Je voulais absolument le voir au cinéma parce qu'évidemment on ne se lassera jamais d'encensé, à juste titre, la beauté plastique de l’œuvre. Ensuite c'est que je suis un admirateur du Wu Xia Pian et les combats du film sont très brefs mais incroyables. Ce qui me porte à croire que c'est sûrement un des meilleurs films du réalisateur c'est la subtilité qu'on y trouve, qui parcours l'oeuvre du réalisateur mais qui définitivement trouve ici une forme de quintessence. C'est cette subtilité et cette précision qui fait qu'on peut clairement dire que c'est un chef-d’œuvre. Plastiquement ça passe par les costumes, les décors que ce soit en intérieur ou extérieur, les couleurs avec un étalonnage aux petits oignons, la photographie complexe et raffinée mais évidemment par le montage qui sait cuter quand il faut, rendre une action poétique et dynamique, laisser un plan suffisamment longtemps pour s’imprégner de l'ambiance, des jump-cuts parfaitement maîtrisés dans les scènes d'actions, le mixage qui fait ressortir le bruit cristallin de l’entrechoquement des lames entre elles ou du frottement dans leur fourreau au travers du roucoulement des oiseaux dans les bois ou des grillons dans la nuit. Et puis on a des motifs récurent du mystère, de l’obscurcissement avec la brume et les voiles dont le passage devant la caméra est d'une telle beauté et maîtrise qu'il me laisse à penser que ça ne peut pas être totalement voulu. La plus belle scène du film pour moi est évidemment celle du combat sur le toit dans la nuit mais aussi et surtout celle de la magie noire qui est véritablement impressionnante. Et puis il y a la belle Shu Qi, ici magnifiée par le réalisateur comme jamais. Je crois qu'au fond ce qui fait la force de ce film c'est cette perfection millimétrique, le rythme, cette lenteur envoutante et aérienne qui rend toute action beaucoup plus vive, impressionnante et fugace et la prestance de son actrice, la puissance intériorisée qu'elle dégage, son aura, un peu à l'image du film, une sorte d'énergie souterraine, à la fois intense et magistrale, retenue et dévoilant de manière éparse sa magnificence.
    Frédéric M.
    Frédéric M.

    186 abonnés 1 846 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 29 janvier 2016
    Il faut avouer le film est très beau , histoire pas mal , Shu Qi toujours magnifique mais le film est très lent , trop lent... parfois certains acteurs donnent l'impression de s'ennuyer dans le film... après l'affiche, l'histoire donne l'impression qu'il y aura beaucoup d'action, il y en a mais très peu.. et très vite ...Cela reste une curiosité à voir
    maxime ...
    maxime ...

    243 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 21 octobre 2017
    Le Prix de la mise en scène décrochée par Hou Hsiao-hsien lors du Festival de Cannes en 2015 est loin d’être usurpé tant la radicalité esthétique de ce film est épatante. Ici tout est beau, des images aux moindre plan, tout les mouvements tendent vers l'oeuvre d'art ... Pour autant je ne suis absolument pas séduis. Ce film est à mes yeux aride de tout sentiment. J'ai la sensation très désagréable de n'avoir rien vécu avec ce long métrage, d'y être hermétique et absent ! Il faut dire que The Assassin est ma première incursion dans la filmographie de Hou Hsiao-hsien, je suis totalement novice à son cinéma et à ses inspirations. Pour un début ce fut relativement éprouvant, une telle rigueur m'a surpris et totalement décontenancé. Je me suis pourtant accrocher, j'ai fini par rendre les armes et j'ai perdu le fil de l'intrigue ... D'ailleurs je ne l'ai jamais vraiment trouvé ( rire ). Je suis sidéré par l'excessivité au-quelle le réalisateur s'attache, une nouvelle tentative après une familiarisation plus approfondie ne serait pas un luxe.
    Gabriel Honoré
    Gabriel Honoré

    3 abonnés 78 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 12 janvier 2016
    La qualité principale de ce film est son esthétique. Cela rappelle les films de Wong kar wai pour la mise en scène et l'esthétique de chaque plan.
    Le film est desservi a merveille par l'actrice Taïwanaise Shu Qi qui porte ce film en grande partie sur ses épaules.
    L'action est présente à certains moments clés du film mais ceux qui s'attendent à un film de wushu classique avec de l'action pure et dure en seront pour leur frais. Le film prend place plutôt dans une certaine lenteur pesante dans l'atmosphère du film qui révèle aussi l'aspect psychologique des personnages. Les plans sont épurés et démontrent que le silence qui prend une part importante dans le film accroit cette puissance et le charisme des personnages.
    En bref, à découvrir. C'est une bonne surprise pour terminer l'année 2015. Film vu en mandarin sous titré anglais.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 29 novembre 2015
    La photographie est vraiment superbe...mais l'histoire est incompréhensible, c'est vraiment dommage! A la fin du film, tout le monde s'est regardé avec une sorte de grand désarroi...
    Acidus
    Acidus

    721 abonnés 3 709 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 14 novembre 2015
    "The Assassin" n'est pas un Wu xia pian classique. Loin d'un "Tigre et Dragon", d'un "Hero" ou d'un "Secret des poignards volants", le film de Hou Hsiao-Hsien est une oeuvre contemplative, posée où l'action se fait rare. Cette approche est assez originale pour le genre et aurait pu être un "plus" si le reste n'était pas aussi soporifique et prétentieux. Dans sa mise en scène et dans sa manière de filmer, le cinéaste taïwanais tente des choses mais celles-ci ne servent malheureusement pas toujours l'histoire et deviennent même indigestes. L'intrigue a beau être simple, on se perd cependant dans un scénario flou où les enjeux et les personnages sont mal exposés. L'ennuie s'impose rapidement et seule les magnifiques paysages, très bien mis en valeur à travers de longs plans panoramiques, et de superbes musiques empêchent de nosu faire regretter le visionnement de ce film.
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    396 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    Le cinéma asiatique arrive toujours à me surprendre là où je ne l’attend pas nécessairement, pour tout dire je ne connais pas l’œuvre de Hou Hsiao-Hsien, je n’avais d’ailleurs vu que très peu d’images de ce film depuis sa nomination au Festival de Cannes, mais les rares que j’ai pu entrevoir m’ont plutôt charmé, sans compter que ça fait maintenant plusieurs mois que je me suis pris d’admiration pour les films de sabre. C’est donc avec un certain enthousiasme que j’ai franchis le pas pour me lancer dans ce The Assassin car j’apprécie particulièrement les vraies découvertes, l’excitation de la bonne surprise, qu’un long métrage me chope par le col et me transporte … et ça a été le cas.

    Dans la Chine du IXe siècle Nie Yinniang (Shu Qi) une tueuse redoutable au service d’une nonne vengeresse l’ayant initiée aux arts martiaux se voit contrainte d’une mission pernicieuse pour la punir de son compassion : retourner dans son village pour y tuer son cousin Tian Ji’an (Chang Chen) gouverneur de la province de Weibo. Les relations entre cette contrée et la cour impériale s’en retrouve plus que tendue depuis que l’Empereur tente d’y reprendre le contrôle manu militari face à d’incessantes rebellions, c’est dans cet état de crise que Yinniang va devoir opérer, mais la tâche s’annonce davantage compliquée de par la révélation des liens qui l’unissent à Tian Ji’an et à la préservation de la paix dont elle est mandatée via un simple morceau de jade.

    Sans y aller par quatre chemins ce qui séduit d’entrée et qui va rester la très grande qualité du film c’est sa photographie, le rendu esthétique est d’une rare beauté, sans conteste une des plus impressionnantes qu’il m’a été donné de voir depuis un bon moment, non seulement c’est très étudié mais il s’en dégage une pureté incroyable, l’éclairage à la bougie, les filtres des rideaux rouges, les plans extérieurs en lumière naturelle, cette brume en arrière plan, c’est juste magique parce que simplement et sans excès Hou Hsiao-Hsien nous transpose dans un univers dont on ressent le souffle. Et ce qui est aussi impressionnant c’est qu’il arrive à rendre par cet écrin une étonnante quiétude à une atmosphère emplie de férocité et de discorde, le fait de placer ce village dans l’immensité du décor, des montagnes infinies aux forêts éternelles, rend l’action intimiste. Car oui The Assassin n’est pas un un film d’action, il ne faut résolument pas s’attendre à de multiples combats ultra rythmés pour épater la galerie, le projet est tout autre pour exprimer une certaine singularité grâce justement à ce retournement des codes, le thème n’est pas la vengeance comme on pourrait le croire mais bel et bien l’absolution.

    L’autre charme du film réside dans sa mise en scène, très posée, d’un lancinement inaltérable se mariant admirablement à l’aspect plastique des images, le réalisateur multiplie les plans séquences fixes pour donner une véritable cohérence artistique, c’est toujours très juste et épuré, les acteurs brisent le silence avec une grande sincérité dans leur interprétation, les dialogues sont souvent versés au compte-gouttes, j’imagine que cette lenteur et cette prédominance mutique pourront déranger, parfois ça peut aussi m’ennuyer dans un cas général, mais ici je l’ai trouvé tout simplement belle et pure. Et c’est dans cette tranquillité apparente que Hou Hsiao-Hsien réussit son tour de force en la transcendant par une ambiance sonore soutenant à de nombreux moments une tension assez folle, par exemple avec une simple rythmique continue de tambours avant le premier affrontement entre Yinniang-Tian Ji’an, on sent que quelque chose va se passer, ça dure, jusqu’à ce que les sabres se délient pour claquer dans la nuit et fendre l'air, sans musique, juste mêlés aux chants des grillons, le mot d’ordre est le naturalisme et la simplicité, la puissance sereine.

    L’utilisation du cadre trouve aussi l’audace de rendre les combats parfois inédits, en second plan cachés derrière les arbres ou même en semi-hors champ, du reste il me semble qu’il n’y a quasiment aucun champ-contrechamp dans la globalité du film, chose assez rare, tout est rééquilibré par l’impeccable composition picturale. Il y a d’ailleurs une séquence que j’ai vraiment adoré, celle du sortilège, où pour le coup la caméra exerce un léger travelling évasif, appuyé par l’intervention d’une partition musicale également rarissime (donc précieuse), pour accoucher d’un moment absolument magnifique, envoutant et pétrifiant. Le récit n’a en lui même qu’un intérêt subsidiaire, il fait limite parti intégrante du background que peint le réalisateur, pas forcément évident à disséquer et à entièrement en assimiler toute l’ambiguïté mais on fini inévitablement par se laisser emporter grâce à la sensibilité qui s'en dégage. La seule et unique petite fausse note viendrait pour moi du final, que je n’ai pas véritablement trouvé à la hauteur du long métrage, où la coupure semble trop abrupte voire accommodant, mais ce n’est vraiment qu’un infime détail, dont je ne lui imputerai même pas.

    The Assassin s’inscrit d’ores et déjà comme une des très grandes réussites de 2016, peut être même LE film à retenir avant tous les autres, le genre de chef d’œuvre doué d’une grandiosité perceptible et sans pareil, ce sentiment de puissance nonchalante totalement maitrisée de bout en bout qui subjugue, cent minutes de perfection esthétique et de grâce ultime, d’une sensibilité narrative subtilement épurée, bref ce dernier Hou Hsiao-Hsien est rempli de qualités. Je pensais d’ailleurs me tourner vers le reste de sa filmographie comme Millenium Mambo mais la barre est ici placée tellement haute que je vais sans doute laisser passer quelques semaines, histoire de me remettre ce bijou.

    PS : Gros coup de cœur donc pour le chef opérateur Mark Lee Ping-Bin mais aussi pour les prestations charismatiques de Shu Qi et Chang Chen.
    trineor
    trineor

    188 abonnés 33 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 mars 2016
    Bon. Il faut que je reste calme, et que je m'astreigne à ne pas brailler comme un âne la brochette de dithyrambes qui me défilent dans la tête : déjà parce que ce serait inévitablement grotesque, puis parce que ça ne rendrait pas justice à un ouvrage fait presque entièrement de parcimonie et de silence.

    À propos de parcimonie et de silence, d'ailleurs, je dois dire – et ce sera la seule digression que je me permettrai hors du film à proprement parler – que je comprends assez mal le choix consistant à vendre l’objet pour ce qu’il n’est pas : à savoir un pur wuxia où les assassinats et le combat tiendraient la part belle, alors que les scènes d’épée mises en avant ne représentent qu’une fraction négligeable du film et que, pour l’essentiel, Hou Hsiao-Hsien s’applique précisément à contredire l’intérêt porté à l’épée (il va à plusieurs reprises jusqu’à laisser le combat hors champ !) parce qu'il lui préfère la dimension élémentairement poétique et méditative attachée à la figure du chevalier errant. Et là, il faudra qu'on m'explique : quel intérêt, même commercial, à orchestrer un malentendu entre l’œuvre et son public, et à amener dans les salles des spectateurs qui, n’étant pas avertis de la nature de ce qu’ils s’apprêtent à voir, abîmeront la réputation du film en criant au navet soporifique ?

    Autant avertir, donc : c’est d’une lenteur sublime, mais c'est d'une lenteur radicale.
    Et refuser la lenteur, ce serait refuser le langage du film, donc lui rester extérieur et ne rien comprendre au geste cinématographique accompli.

    La lenteur cependant n’est pas l’essence du geste ici, seulement un moyen privilégié d’en appuyer l’expression. Et ce qui frappe plus fondamentalement que la lenteur, à ce qu'il me semble, c’est la recherche, dans le geste, de l’économie – celle-là dont Herbert Spencer faisait la condition générale de l'élégance et plus particulièrement celle de la grâce dans les arts : économie du mouvement, économie de la parole, de la musique, du pathos. Rien de superflu.

    La permanence devient, par effet de contraste, un piédestal pour les plus infimes fluctuations : la presque absence de la musique laisse tendre l’oreille au babil mêlé des oiseaux, des insectes et du vent ; les silences parfois interminables qui traversent les dialogues augmentent d’autant la signifiance soudaine des mots ; l’impassibilité des voix et des visages en rehausse l’émotion à chaque rare inflexion ; l’immobilité enfin, l’immobilité surtout, cisèle et magnifie le mouvement de façon éblouissante. Les prises par ailleurs sont longues, les cadres jouent sur des valeurs de plans amples, ce qui logiquement augmente encore le sentiment de voir le mouvement prendre vie de façon plus autonome et plus authentique, puisqu’il s’inscrit dans une durée propre et s’épargne presque complètement les petites tricheries de montage. Mais décrire, en l'occurrence, n'a sans doute pas grand chose à apporter : il faut regarder et, plus que regarder, il faut voir, sous la surface, le jeu des forces invisibles.

    Que je prenne un exemple, parmi d’autres qui vaudraient tout autant.
    L’héroïne vient de rejoindre sa terre natale, lestée d'un lourd secret ; elle se tient dos aux femmes de chambre qui l’ont tout juste vêtue pour qu’elle puisse se présenter à sa famille ; elle regarde hors de la chambre, vers ce que l’on devine être un jardin ; puis plus rien ne bouge, que le vent qui s’engouffre doucement dans la pièce et vient faire trembler les rideaux et les soieries derrière elle. Et ce plan, si minimal qu’il soit, exprime avec tant de pureté le trouble du personnage dont l'âme tremble comme tremble la pièce, que l’on voudrait pour ne pas rompre l’impression avant de s’en être assez imprégné, que la prise dure encore – et là, miracle ! le réalisateur sait, et laisse durer encore, au-delà du raisonnable, jusqu’au sublime.

    Alors l’on retrouve, je crois, la fonction propre et seconde de la lenteur, qui n’est pas de produire l’effet mais de le laisser vivre. La même lenteur appliquée à une image pauvre eût été intolérable, parce qu’elle n’aurait qu’accentué jusqu’à la gêne son insignifiance et sa vacuité ; appliquée à une image pleine, habitée, elle en laisse au contraire s’épanouir la puissance interne et la vie.

    La beauté du film, donc, me semble tenir foncièrement dans son dépouillement, dans la capacité quasi miraculeuse du réalisateur à tirer de l’économie et de l'élégance du geste un dévoilement de l’invisible. Or, solliciter de la sorte l’immobilité pour faire saillir plus pur le mouvement, le silence pour faire saillir plus pure la parole, le calme pour faire saillir plus pur le sentiment, bref – pour le dire en régressant au concept – solliciter la négativité du néant pour faire saillir plus pure la puissance affirmative de l’être, ce me semble très nettement apparenter l’approche esthétique de Hsiao-Hsien à celle de l’estampe chinoise classique : celle qui le plus souvent supprime ou réduit le décor à son expression minimale ; celle capable de peindre le mouvement de l’eau sans avoir à peindre l'eau, en ne représentant que l’effet du courant sur le corps des poissons ou sur celui des écrevisses.

    Ôter la matière aux yeux, en somme, pour donner la chose à voir à l’esprit.
    Or de ce point de vue, il ne va pas du tout de soi a priori que la démarche artistique de l’estampe puisse se prêter au support cinématographique – ne serait-ce que du fait que le cinéma photographie son image là où l’estampe l’abstrait : impossible dès lors d’anéantir pour épurer à la façon dont le peintre anéantit ce qu’il décide simplement de ne pas représenter ; l’image photographiée est donnée d’emblée pleine, et pour retourner à l’épure il faut anéantir autrement.

    À l’occasion l’on peut bien jouer d’un contre-jour pour transformer une scène en théâtre d’ombres, comme le fait le panneau-titre sur le lac au crépuscule avec les canards et l’oiseau perché qui, de tous les plans du film, compte indéniablement parmi les plus saisissants. Mais le reste du temps, il faut comme le peintre pour faire surgir l’être du milieu du non-être vierge de la feuille s’en remet au noir l’encre, s’en remettre à ce qu’a toujours été l’encre du cinéaste : le mouvement. Et du jaillissement du mouvement dans l’image immobile – de celui des personnages jusqu'aux jeux du vent, des reflets, de la brume, des encens – découper au plus dépouillé l’état d’âme propre à la scène et la vie secrète qui s’y raconte.

    Aussi, mérite d’être soulignée en passant la patience insondable dont témoigne un peu partout l’orfèvrerie de la réalisation : qu’il s’agisse de tourner en plan-séquence sur une crête de montagne où le vent fait remonter une brume inattendue, ou de capturer miraculeusement l’envol d’un oiseau solitaire après celui d’une nuée dans le prolongement d’un balayage déjà entamé sur la surface d’un lac au matin… il y aurait de quoi s’y méprendre et se demander quelquefois si le ballet de la nature ne s’est pas mis à obéir aux intentions de mise en scène plus que le metteur en scène n’a su guetter la nature et se plier à elle.

    J'avais promis de rester calme.
    Est-ce que je suis resté calme ? À peu près, quoi !
    Mais c'est que je dois mentionner l'écriture pour clore, qu'avec je vais devoir mentionner l'histoire de l'oiseau bleu... et que du coup, je vais perdre mon calme. Enfin, passons. L'écriture, donc : pour l’essentiel, j'en aurais quasiment été à me dire que les sentiments pouvaient se satisfaire d’être racontés par l’image, tant celle-ci les raconte à merveille. Mais l’écriture, pour ne rien gâcher, est elle-même presque aussi pure que l’est tout le reste, si bien qu'une fois abstraite de ses développements politiques somme toute inessentiels et peut-être trop envahissants en milieu de récit, l'histoire se réduit à une trame d'une désarmante simplicité : Yinniang, exilée de sa famille et remise aux soins d’une nonne en réalité maîtresse d’armes au sein d’un ordre secret d’assassins politiques, est jugée trop compatissante par celle-ci qui, afin de l’endurcir, exige d’elle qu’elle retourne à sa province natale pour en assassiner le gouverneur, qui se trouve être son cousin et l’homme qu’elle a aimé.

    Histoire universelle s’il en est, d’écartèlement entre le devoir et l’amour, mais qui jamais ne tournera aux effusions – Hou Hsiao-Hsien préférant encore ici taire pour mieux dire, ou recourir une fois au poème pour figurer la tristesse lorsque la nonne, abandonnant Yinniang à sa mission, lui raconte l’histoire de l’oiseau bleu :

    « Le roi de Kaboul avait un oiseau bleu, qui n’avait plus chanté depuis trois ans. Un jour la reine lui fit remarquer : "Les oiseaux ne chantent qu’en compagnie des leurs. Mettez donc l’oiseau devant un miroir !" Le roi suivit son conseil. L’oiseau bleu vit son reflet, et chanta sa tristesse, et dansa, jusqu’à mourir. »

    Après l’avoir plusieurs fois relue et méditée, je peine encore à distinguer d’où vient dans cette histoire si brève le sentiment vif qui me frappe le cœur. Bien sûr, l’on peut entrapercevoir le sens de l’histoire, deviner que la nonne suggère à sa disciple de ne pas se laisser mettre en cage par l’amour d’un homme alors que Yinniang, elle, entend dans la tristesse prisonnière et esseulée de l’oiseau celle où la plonge cette mission dont elle ne veut pas. Mais cela n’est que la surface, encore. La simple image de cet oiseau qui chante et danse jusqu’à se tuer : ça, c’est d’une poésie brute, profonde, irréductible… et d’une poésie qu’il était magistral de semer ainsi en début de film, car sans qu’il soit besoin d’un seul pleur, chaque fois que paraîtra Yinniang après cela, reparaîtra avec elle la figure de l’oiseau bleu en train de se tuer.

    Remplir le silence d’une telle mélancolie ; oser la langueur jusqu’à l’hypnose et filmer longuement, de nuit, des intérieurs éclairés à la bougie à travers des rideaux flottants où l’œil cherche les silhouettes comme si elles étaient des fantômes ; saisir les personnages depuis un jardin, un sentier de forêt, une cascade… et chaque fois tout capturer : l’épaisseur de la nuit, la pâleur du matin, la coloration du jour, le froid ; atteindre conjointement à une telle pureté de ce que est montré et de ce qui est raconté ; immerger l’attention entière dans le murmure et la quasi totale immobilité, parce que ce qui apparaît à l'écran est hanté, parce qu’il y a des puissances invisibles qui s’agitent partout sous le calme plat de l’extériorité visible… et se permettre au détour d’un tel chef-d’œuvre, juste comme ça, avec une telle aisance, de contredire les codes d’un genre institué comme personne ne se l’était permis au moins depuis Wong Kar-Wai et ses Cendres du temps. Voilà, quoi : c’est grand.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 070 abonnés 3 968 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 octobre 2015
    C'est assez triste de voir ce qui sera sans doute le meilleur film de 2016 en 2015, que l'année cinématographique s'achève limite avant qu'elle ne commence. The Assassin était le film que j'attendais le plus depuis que j'ai appris son existence, du Wu Xia Pian, par le réalisateur de Millenium Mambo, forcément ça ne pouvait que m'intriguer, le prix de la mise en scène à Cannes n'a fait que rendre l'attente encore plus insupportable...

    Et le film est à la hauteur de mes attentes, non pas parce qu'il est ce que j'attendais, je n'avais vu aucune image du film, mais parce qu'il arrive magnifiquement bien à me donner ce que je n'attendais pas forcément d'un film du genre.

    On est dans un film à la force tranquille, où les mouvements de caméra, le nombre de plans sont réduits au minimum et pourtant une tension émane des images, on sent une puissance rare... On pourrait parler d'invisible. Sans doute car ces personnages parfois stoïques qui parlent peu habitent réellement le cadre... cadre magnifiquement bien composé; avec des couleurs juste sublimes. Faut bien comprendre qu'en terme de photographie on est face à quelque chose d'inégalé et peut-être d'inégalable, je n'aime pas donner cet argument, car ça n'en est pas vraiment un, car on pourrait croire à tort que c'est poseur, mais chaque image qui compose le film peut être prise à part pour en faire un tableau... toujours avec une grande sobriété. Le film n'en fait jamais trop.

    La caméra qui passe derrière des rideaux, le brouillard qui vient envahir tout l'arrière plan dans un plan séquence, les combats, tout est réellement sublime... Il y a des moments où tu as envie que Hou Hsiao-Hsien ralentisse encore le rythme pour que tu puisses t'immerger dans ces images.... et il le fait.

    L'histoire (pour ce que j'ai capté, encore une fois avec les films asiatique j'ai un mal fou à savoir qui est qui) est également d'une grande simplicité, détournant les codes du genre pour en faire autre chose. Pour en faire quelque chose de juste beau et pur.

    J'aime la façon avec laquelle les combats se déroulent, dans le silence de la nuit, sans musique, juste les grillons qui chantent... et le fracas des épées....

    Mais le truc le plus sublime c'est la fin, je me souviens avoir pensé, ça pourrait finir là, ça serait parfait et deux plans plus tard, générique... Comme ça, l'air de rien... Peut-être le plan le plus insolent du film, un plan qui se pose là et pourtant d'un grand calme, d'une grande beauté, mais qui calme directement toute tentative, tout espoir de revoir un jour un film de cette trempe.... "voilà, j'ai fini mon chef d'oeuvre, démerdez-vous".

    Une claque tout le long...

    Je pense que j'irai le revoir en salles....
    Blog Be French
    Blog Be French

    39 abonnés 263 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 22 juin 2015
    Connu pour son fameux Millenium Mambo, Hou Hsia-Hsien était de retour à Cannes pour un film au sujet surprenant mais qui semblait réserver de bonnes surprises. À travers un montage ciselé, le réalisateur taïwanais prouve tout son talent grâce à une mise en scène propre et un cadre soigné. Le photo est réellement belle, d'une pureté irréprochable et avec un rendu esthétique vraiment correct. Voilà, Hou Hsia-Hsien n'a donc sans doute pas volé son Prix de la Mise en scène, on peut en convenir…
    Mais quelle lenteur ! Comment résister à la somnolence face à tant d'ennui et si peu de dynamisme ? Le film n'est en fait qu'une suite de scènes chorégraphiées où gesticulent des pseudos-assassins, et où les combats se répètent indéfiniment avec la même mise en scène théâtrale. Comme la jeune tueuse n'arrive pas à se décider à tuer ses adversaires, le modèle reste toujours le même : les combattants se jaugent, tournoient pendant quelques minutes avec quelques techniques d'arts martiaux, et finissent par arrêter le combat en se séparant comme si rien ne s'était passé au préalable ! Entre danse contemporaine et film de kung-fu, on dirait que Hou Hsiao-Hsien n'a pas su choisir… L'histoire n'est pas assez développée, ça parle assez peu et lorsque que certains dialogues finissent par arriver, c'est essentiellement du blabla inutile. Il faut certainement être très attentif pour saisir toutes les subtilités du scénario, mais il est aussi bien difficile de lutter contre le sommeil… Le spectateur assiste à 1h40 de longueurs pour finalement se rendre compte de ce qui est déjà dévoilé au début du film : Nie Yin-niang n'arrivera pas à accomplir sa mission. Avouez qu'il y a de quoi vous abattre !

    Si Hou Hsiao-Hsien maîtrise l'art de la mise en scène, la chose est tout autre pour sa maîtrise du temps… The Assassin s'avère être d'un ennui mortel, avec un scénario simple et des combats catastrophiques. C'est donc somnolant et les yeux rouges que vous ressortirez de la salle, mais pas sans avoir perçu un certain intérêt, ou du moins un potentiel…

    Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Be French !
    Camilleri J
    Camilleri J

    1 abonné 64 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 21 mars 2016
    Des images et des couleurs splendides, une bande son avec des instruments traditionnels qui rythme les moments tendus et d'autre langoureux derrière les rideaux volant au souffle du vent.
    Oui mais est-ce suffisant pour faire un bon film ? J'ai eu beaucoup de mal à comprendre l'intrigue tant les personnages apparaissent de manière abruptes et leurs rôles difficiles à comprendre. Je comprends le parti pris du réalisateur (tourné vers la poésie) mais ca manque un peu de rythme pour presque 2 heures de contemplation. C'est vrai que c'était Vendredi plutôt tard mais les expressions un peu froides des personnages, le récit quelque peu décousu rend le tout très frustrant, dommage !
    J'y suis allé avec le souvenir d'un "secret des poignards volants" qui m'avait tout autant émerveillé visuellement mais ou l'action et l'intrigue m'avaient autrement captivé !
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top