Pour n’importe quel homme doté d’un cerveau, il paraîtrait étonnant que le principal débat qui entoure ce film soit le remplacement de Megan Fox par Rosie Huntington-Whiteley, et non l’incompétence de Michael Bay à fournir des films un tant soit peu correct. Cela dit, pour n’importe quelle personne capable de remarquer le niveau intellectuel de ceux qui apprécient ce genre de film, il n’est pas étonnant que ce type de débat soit des plus importants. Michael Bay a-t-il réussi à faire encore mieux dans la franche débilité ? La réponse (faut-il vraiment que je la donne…) dans quelques lignes.
L’intro assez sympathique est gâchée par l’enchaînement sur le couple formé par Sam Witwicky (Shia Labeouf) et Carlie (Rosie Huntington-Whiteley). En effet Michael Bay semble plus intéressé de filmer les jambes de sa nouvelle conquête plutôt que les Transformers, ce qui au final, reflète bien la philosophie dans laquelle il a fait ses films. Il s’attarde cette fois encore plus sur Sam ce qui est loin d’être passionnant, et en profite pour enchaîner les situations qui se veulent drôle mais qui ne le sont pas. Et nous voilà reparti pour deux heures et demie de calvaire. Tout se fait avec une lenteur insupportable. Le scénario est ennuyeux à mourir et aucunement captivant. Même les scènes d’actions sont d’une mollesse indescriptible. C’est un film sans rythme que nous balance Michael Bay, les rebondissements ne sont pas bien rendus et s’insèrent dans la platitude générale. Dans la droite lignée de ce que le réalisateur a fait jusqu’à présent, on a droit à une intrigue sublimement banale qui cache de magnifiques clichés et offre comme sujet le plus profond la lutte manichéenne des gentils contre les méchants…Quelle surprise !
On retrouve également les fameux personnages stéréotypés si chers à Michael Bay. Et la star de son film, Shia Labeouf, en est pour quelque chose dans l’échec total du rapprochement avec le spectateur. Le rôle qu’on lui a écrit est aussi creusé que la tombe d’un lapin nain et aussi inspiré qu’une notice de four micro-ondes. Ce dernier passe ainsi de loser comique à enquêteur chevronné, puis commando des forces spéciales en une heure et demie…totalement crédible. Et pour prouver son importance dans le scénario, Michael Bay le fait tuer Starscream, pour la mort la plus pitoyable de l’histoire du cinéma. Franchement, le Decepticon le plus stylé (tout est relatif avec la direction artistique dégueulasse) n’aurait-il pas mérité une meilleure mort ! Mais bon cela ira dans les aspects du film dont Michael Bay se fout totalement, c’est-à-dire 95% de son film (je rappelle qu’il y a 5% d’explosions dans le film). Et pour notre déplaisir le plus total, d’autres personnages aussi intéressants se glissent dans le film, assez longtemps pour qu’on puisse les détester eux aussi. Vient donc la concubine de Sam, Carlie. Elle est interprétée par Rosie Huntington-Whiteley, qui est mannequin de métier…Ai-je vraiment besoin de préciser qu’elle joue comme un gosse de cinq ans…je ne pense pas. Et on se demande toujours pourquoi Michael Bay a eu besoin de donner des rôles inutiles aux irritants John Malkovich et Frances McDormand. Il est également paradoxalement ironique que celui qui fait le plus alien du film soit un humain joué par Patrick Dempsey qui était parti pour une pub de L’Oréal et qui s’est perdu en chemin.
Je vous vois déjà crier que dans un film de ce calibre le scénario et les personnages peuvent passer à la trappe, du moment qu’il y a de l’action. Si cette façon de penser est immensément débile elle n’est toutefois pas prônée par Michael Bay, qui ne donne pas des séquences d’action mais des enchainements d’explosions. Outre le fait qu’elles soient très mal amenées, les scènes d’action sont beaucoup trop courtes pour demeurer intéressantes, et elles sont toujours aussi mal filmées. L’action illisible et les ralentis ostentatoires témoignent d’une mise en scène déplorable et d’une réalisation sans goût. On voit, on ne ressent rien, on contemple avec horreur la joie de Michael Bay qui s’éclate à tout faire péter. Il glisse parfois certains éléments qui pourraient être intéressants, pour mieux les oublier pour toujours : la frustration est le seul domaine dans lequel Michael Bay s’améliore. D’ailleurs ce dernier profite de ce film pour s’essayer à la subtilité : en plus de refourguer les mêmes scènes que les films précédents, il refourgue aussi les mêmes bruitages. Même la musique de Steve Jablonsky, pourtant de très bonne qualité ne suffira pas à donner une once de force à l’action, tant la réalisation de Michael Bay est inexpressive.
Le réalisateur préfère passer dix fois les trente premières secondes de « Iridescent » de Linkin Park pour marquer le ton fortement émotionnel (drôle n’est-ce pas) qui est sensé se dégager, mais qui captive le spectateur autant qu’une mouche qui s’acharne sur une fenêtre fermée alors que celle d’à côté est grande ouverte.
On reconnaît toutefois le style de Michael Bay dans ce film…ce qui est malheureusement une mauvaise chose. Il se voit obligé de placer son humour lourdingue pour détruire l’atmosphère sérieuse instaurée cinq secondes plus tôt et ne nous arrache même pas un semblant de sourire. Les nouveaux Transformers sont encore moins réussis et attachants que dans le film précédent (un exploit en soi) et sont encore une preuve de la direction artistique immonde. On constate également une pléthore d’incohérences dont je vis vous donner quelques exemples des plus pitoyables : maintenant les militaires tuent les Decepticons avec des mitraillettes…maintenant les Decepticons saignent…maintenant la planète Cybertron est totalement différente de celle présentée dans l’opus précédent, qui était déjà totalement différente de celle du premier film…maintenant Michael Bay est pété de thune et il se prend pour un bon réalisateur (la pire de toutes). Il accomplit même l’exploit de ridiculiser Optimus Prime !
Après une fin pas du tout prévisible (ironie !) et durant le générique, on ne se dit qu’une chose : Quelle injustice ! Quelle injustice qu’un film aussi pauvre et vide connaisse un succès mondial et rapporte des milliards alors que Michael Bay a dû se creuser la tête deux minutes maximum pour trouver des idées. Ce film encore plus que les autres, reflète la superficialité du travail de Michael Bay et de l’œuvre qu’il crée. Avec toutes ses incohérences et ses fautes de réalisation, il fait bien pire qu’un mauvais film, il ruine la licence des Transformers, il ne leur accorde qu’une place encore plus futile que tout le reste. Il a bâti une saga qui n’apportera rien à l’univers des Transformers et encore moins au cinéma. A quoi bon alors faire un quatrième volet, si ce n’est pour se faire encore plus de thune ? A quoi bon mettre des explosions partout, à quoi bon s’efforcer de placer les humains au cœur de l’intrigue et de ne faire des Transformers que des personnages tertiaires, à quoi bon recruter des acteurs bankables pour leur donner des rôles inutiles…A quoi bon faire voler Optimus Prime ! Tout cela reflète l’état d’esprit de Michael Bay en faire beaucoup trop pour avoir au final, quelque chose d’horriblement vomitif.
Cependant, le film de Michael Bay est historique, car il montre à quel point une production de ce genre peut être lamentable. En 2011, Michael Bay accordait à Premiere un interview dans lequel il disait qu’il était conscient de l’échec de Transformers 2 e qu’il allait nous faire rêver pour le troisième film. Maintenant pour ceux qui auraient eu le profond malheur de voir ce film, admettez que Michael Bay se rapproche plus du marketeur qui aime empocher les chèques que du cinéaste soucieux de son œuvre et du regard du spectateur. Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, profitez de votre chance, vous avez raté un des pires, si ce n’est le pire, film de tous les temps.