Drive était l'un des films que j'attendais le plus cette année, en effet j'adore ce que peut bien faire Refn, et lorsque Rouyer au festival de Cannes décerne à ce film sa palme d'or, parlant de l'étape après Mann dans le cinéma d'action, forcément, c'est le genre de film qui donne super envie.
Pour résumer ce film, c'est un scénario très hollywoodien, calibré en apparence, un truc pour plaire au fan de Fast and Furious, et du Transporteur. Et tant mieux, on attire ainsi le spectateur, comme pour Valhalla Rising, qui va voir un clone de 300, et pour lui proposer un chef d'oeuvre à la place de la merde habituelle qu'il peut bouffer.
Je ne sais pas comment Refn a fait pour produire un tel film aux USA, mais c'est comme s'il avait deux super gros pénis, un qui encule le producteur et son film formaté jusqu'à la gorge, et un autre pour faire un face fuck au spectateur lobotomisé par ces mêmes producteurs.
Drive est un petit bijou, il faut l'avouer.
Refn livre ici le meilleur film américain depuis Collateral, c'est aussi simple que ça (à moins que j'en oublie un, mais je ne crois pas). Il reprend les codes, et les dynamites.
Il y a tant à dire sur le film, on commence par une scène d'exposition qui comme toujours dans le genre va montrer comment agit le héros, avant qu'une mission parte en sucette plus tard dans le film. Sauf que putain, pour une fois, il y a une mise en scène, et une putain de mise en scène, Refn créé par l'immobilité, une tension et un suspens insoutenable. Cette lenteur, cette attente, c'est juste insupportable, la tension monte, jusqu'à qu'enfin ça démarre, comme si l'éclatement de la violence est un soulagement pour le spectateur et pour le personnage.
On peut parler de la BO qui est sublime, mais pas omniprésente, Refn, sait jouer avec les silences dans certaines scènes.
En fait c'est n'importe quel film de merde que produit Hollywood, mais en génial.
On peut parler des acteurs qui sont tous merveilleux, les deux acteurs principaux en tête. On peut parler de la construction des personnages, où chacun veut paraître dur, on est à Hollywood, tout le monde joue, se fait passer pour ce qu'il n'est pas, tout le monde sauf ce Driver, qui lui est vraiment un dur. Pour s'en convaincre il suffit de voir le personnage joué par Ron Perlman qui ne fait que jouer aux durs.
Et le film détourne les clichés, dans une production hollymerdienne classique on aurait eu le père taulard qui revient, ça serait un vrai connard, qui bat sa femme etc, sauf que là non, Refn construit son personnage avec beaucoup plus d'habilité.
Et puis voir ce Driver, toujours dans l'ombre, être toujours au plus loin possible de la source lumineuse, pendant que Carey Mulligan, elle semble être dans la lumière.
Il y a une utilisation judicieuse du ralenti, par pour créer du fun on ne peut plus vulgaire pour la Plèbe et l'ado de 13 ans qui ne demande que ça, on n'est pas chez Zack *étron* Snyder, non contre toute attente les ralentis sont là pour créer du lyrisme et de la poésie.
Et comme souvent chez Refn il y a cette notion de sacrifice du "père" pour son enfant, relatif à la propre expérience de Refn.
Et que dire des scènes d'actions à proprement parler ? Elles sont géniales, brutales, courtes, ultra violentes. Dans la salle on entend des "oh la vache" alors que parfois il n'y a qu'un accident de voiture, sans doute car ce spectateur vient de prendre conscience qu'il n'y a pas besoin d'explosion (il n'y en a pas une seule dans tout le film) pour que ça soit impressionnant, mais d'une putain de mise en scène, et que c'est là que la jouissance peut naître, chez le spectateur.
Et c'est intéressant en sortant de la salle d'écouter les réactions des Kevins venu voir Fast and Furious à L.A., parce que finalement ils n'ont rien compris au film, à sa beauté, son lyrisme.
Aussi il y a une scène que je trouve de toute beauté où au ralenti, dans un ascenseur, le Driver déplace Irène, pour la mettre dans la lumière, c'est une fraction de seconde, et c'est sublime.