Depuis le temps que je devais le voir ce film. Récompensé du prix de la mise en scène à Cannes en 2011, Drive est un film coup de poing, coup de pied.
Adaptation du roman du même nom, Drive raconte l'histoire d'un homme sans nom qui alterne boulot de garagiste, cascadeur pour le cinéma et chauffeur la nuit pour braqueurs. Un jour cet homme fait la connaissance d'une jeune femme et de son enfant, il se prend de sympathie pour eux… jusqu'au retour du mari. A partir de là, les ennuis vont commencer pour le chauffeur.
La construction de Drive a rebuté de nombreux spectateurs, pensant qu'il s'agissait d'un film dans la veine d'un Fast & Furious, Nicolas Widding Refn surprend le monde en proposant une mise en scène posée proposant des travellings lents, des longs plans, privilégiant le silence à la parlotte inutile.
Mais ce qui fascine le plus, c'est la dimension iconique de son personnage principal: le Driver. Il est un mélange de différents personnages: c'est un personnage westernien, un super héros et un anti héros. Il est westernien dans la lignée de Clint Eastwood, quand celui ci travaillait pour Sergio Leone, car il n'est pas un bavard, dans sa catégorie (les voitures) il est le meilleur. C'est un super héros car il se balade constamment dans le même style vestimentaire: jeans, gants noirs et la veste abordant un scorpion en or dans le dos. Il est un anti héros car il fera justice dans un déluge de violence qui retournera l'estomac de certains. Le Driver s'imposera dans les années à venir comme un modèle de personnage cinématographique.
Les personnages qui l'entourent sont plus que de simples figurants: ils sont complexes, tiraillés par des doutes, ils aiment, ils tuent. Contrairement au Driver, ils se dévoilent (chaque personnage expose son passé), donnant une dimension humaine (les personnages de Irina et Benedicio attachants), paumé (Standard en pauvre type dépassé par les évènements) , cruels (les personnages de Cook, Bernie et Nino froids et violents jusqu'au bout) et Shannon (personnage au passé le plus tragique et humain jusqu'au bout des ongles).
Ces personnages évoluent dans un univers à l'esthétique faussement ensoleillé, laissant place au fur et à mesure à une violence graphique digne d'un Paul Verhoeven ou d'un film d'horreur. Les cadrages de Nicolas Winding Refn sont volontairement placés du point de vue du Driver, donnant une impression d'iconisation de son statut, presque invincible, il semble regarder le monde différemment. Quand le point de vue est changé, le Driver est montré comme impénétrable, dénué de sentiments (magnifique plan de Irena regardant le Driver, avec un miroir à côté d'elle et le visage de son interlocuteur mystérieux dans l'ombre).
Pour ce qui est des scènes de course poursuite, il ne faut pas s'attendre à 1000 plans à la minute, mais plutôt une envie de montrer cela d'une manière originale (sans vraiment un budget conséquent, le réalisateur décide de filmer les scènes de voitures du point de vue du Driver).
Quant aux scènes de violence, elles sont montrées frontalement avec un déluge d'hémoglobine digne d'un film d'horreur énervé.
Les acteurs et actrices sont excellents et en pleine forme, à commencé par Ryan Gosling qui assure le spectacle, étant donné qu'il EST le Driver, l'acteur casse son image de beau gosse en interprétant un type capable de coups bas et de violences insoupçonnées (le coup dans l'ascenseur déjà culte), Carey Mulligan retranscrit la fragilité de son personnage, sans faire dans le cliché, mais aussi sa volonté de s'accrocher à un espoir. Mais les méchants sont magnifiquement interprétés par Albert Brooks et Ron Perlman qui font flipper rien qu'en se présentant devant la caméra.
Et bien sûr la BO est géniale, avec des chansons volontairement légères pour contre balancer les excès de violence qui illuminent le film.
Drive est vraiment un très bon film, il mérite de faire parti de votre dvdthèque.