Trop court. Oui, voilà une des raisons plutôt minable que je mettrais en cause pour justifier le fait de, si le film s'en approche très dangereusement, ne pas considérer Drive comme un chef d'oeuvre total, un statut clairement mérité et même prévisible ; en effet, même quand quand il n'était qu'à la forme d'hybride qui paraissait changer d'orientation à chaque nouvelle annonce, bande-annonce ou extraits postés (on est donc passé de premier film d'action et de tunning ayant la possibilité d'être primé à Cannes à entre autre conte métaphyique moderne comme le film qui précédait dans la filmographie du décidément surdoué Nicolas Winding Refn (et qui arrive ici à sa première très grande reconnaissance public et critique qui lui donnera surement la possibilité de faire de grandes choses plus tard), et ce sans qu'on sache ultérieurement s'il pouvait être dans le milieu où dans les deux extrèmes (tellement qu'il devait être assez amusant d'aller au cinéma voir le film rien que pour regarder la réaction de ceux qui s'attendait à un film d'action façon Fast And Furious ou celle des Pro-Festival-De-Cannes intellectuels...)), on savait déjà que Drive avait déjà une dégaine de film culte, un autre statut auquel il accèdera surement sans beaucoup de mal dans quelques années, mais on peut dire tout de même que certains n'adhèreront peut-être pas à la mise en scène très sophisticée de Refn, qui combine le calme nonchalant de Vahllala Rising et les explosions de violence récurrentes dans la filmographie du cinéaste maintenant confirmé. Et c'est justement dans ses montées en puissance qui ont fait sa renommée et qui sont en grande partie LA raison pour laquelle il a remporté un prix très mérité de la mise en scène à Cannes, ces purs moments de jouissance cinématographique plein de tension, que Drive trouve ses apogées ; et dans ce cas-la, même les moments de pure contemplation du film trouvent une très grande place d'honneur dans la réussite de la mise en scène tout d'abord, mais surtout dans le charme presque naturel du film, et qui transcende admirablement le scénario qui fait penser à une série B policière noire des années 90, dont le film fait entre autre un bel hommage, fournissant encore et encore son statut de petit fantasme cinématographique que réalise sous nos yeux Nicolas Winding Refn. Et au final, on peut dire qu'une des choses qui ternissent malheureusement ce véritable charme, c'est bien le partis pris d'une violence austère et choquante ainsi qu'une hémoblogine qu'il aurait mieux valu atténuer ou alors rendre plus rigolote afin de rendre un peu moins frustrant l'alternance des scènes de violence avec les autres, car il faut dire qu'après la première heure presque reposante du long-métrage, voir comme première scène préparant ce qui va suivre, une balle de fusil à pompe qui vient réduire en bouillie un crâne de femme n'est pas forcément très... Comment dire... Doux comme entrée, mais c'est tout de même un des moments du film où la tension est à son comble, donc on pardonnera une entrée en matière modérémment brutale. Pour finir sur la mise en scène, on peut quand même dire que s'il y a une scène qui résume le condensé du charme sensuel et romantique avec la brutalité de Drive, c'est bien la scène de l'ascenseur (décidément les ascenseurs sont toujours de très bons acteurs devant les très bonnes caméras), que je ne vous gâcherais pas si vous avez la chance de ne pas avoir vu la bande-annonce, et c'est aussi le moment où le film part sur des rails d'enfer à un rythme de TGV futuriste lâché à toute allure. Et c'est là où je reviens au tout premier défaut exprimé dans cette critique, car c'est au moment où le film va délivrer sa plus belle étincelle qu'il s'arrête, mais il faut quand même dire que le fait de se dire "déjà fini" quand ça s'arrête est au fond plus une qualité qu'un défaut. Enfin, on ne peut parler de Drive sans citer deux autres points : le premier, c'est bien sur la bande-son, très années 80 et techno, faisant encore passer le film à un cran supérieur au diagramme "fantasmagorique", mais surtout le personne principal, qui reprend le modèle de Vahlalla Rising, sans nom, pas très éloquents et ayant une sorte de syndrôme de loup-garou, qui se fait envahir par une déferlance de violence pour protéger Irène, rendu veuve dans le film et qui a tapé dans son coeur ténébreux ainsi que son fils, rendu orphelin de père durant le film (jusque-là je pense que c'est plutôt logique). On a droit à une interprétation remarqué de Ryan Gosling, encore un fantasme pour beaucoup de filles, et un très bon acteur qui passe de regards niais à une effrayante explosion de violence en trois secondes. Bref, ce qu'on peut dire, c'est que si Drive décevra ceux qui ne s'attendait pas à ne voir que trois scène où s'entrechoquent des voitures, il s'agit bien là du pur rêve de cinéma qu'on attendait et qui nous est livré sur un plateau d'or, de sang et de charme. Conclusion : Drive me to the night... (oui, je n'ai que ça à dire...)