Si vous me connaissez, vous savez sans doute que Serge Gainsbourg est un de mes chanteurs préférés et que je suis fan de son œuvre si riche et atypique que j’écoute en boucle sans me lasser. Désireux d’en apprendre davantage sur sa vie et de découvrir de nouveaux biopics sur des personnalités que j’admire, je me suis attaqué à cette première réalisation de Joann Sfar qui nous propulse dans une biographie du chanteur à la tête de choux.
En toute honnêteté, ce n’est pas le meilleur biopic que j’ai vu mais il est très bon et il remplit parfaitement sa fonction. Et pour cause, les acteurs sont formidables, et le mot n’est pas assez fort. Eric Elmosnino campe ici un jeune Gainsbourg poète timide et rêveur avec la même justesse que le dépravé Gainsbarre, « sa barbe de trois nuits, ses cigares et ses coups de cafard ». Il n’est jamais dans l’imitation ou la caricature : il est Gainsbourg. Les intonations, les mouvements de mains, la douceur et la provocation, absolument tout y est. Il mérite amplement son césar du meilleur acteur et est accompagné par un casting d’exception avec une Lucy Gordon qui brille en Jane Birkin ou Laeticia Casta qui se confond avec Bardot. La force est aussi là : les personnages ressemblent comme deux gouttes d’eau aux humains qu’ils représentent. La coiffure, le maquillage et les accessoires ont fait un travail remarquable, à commencer par Gainsbourg qu’on croirait voire revivre, c’est aussi surprenant que jouissif. Le réalisateur ose aussi mêler la vie du chanteur avec son propre univers en le faisant suivre par une sorte de marionnette géante nommée « La Gueule » qui représente un premier alter-égo, bon et mauvais conseiller, avant Gainsbarre. Cela entraîne parfois le réalisme à être remis en question mais va tout de même dans le sens du récit. J’ai aussi été un peu déçu de ne retrouver que peu la facette médiatique de Gainsbourg qui avait une manière phénoménale de provoquer presse, notamment avec la célèbre séquence du billet, absente du film - mais le scandale de la Marseillaise fonctionne ici très bien. J’ai retrouvé la grande majorité de mes chansons favorites et j’aurais bien aimé voir davantage de prestations sur scène tant son côté débauché était marquant durant ses derniers concerts. Par exemple, le réalisateur a choisi de montrer la rencontre entre Serge et Bambou avec Love On the Beat en fond, je pensais qu’on allait ensuite assister à l’interprétation de cette chanson mythique sur scène avec son éternelle chemise bleue tant ces archives-là sont représentatives de la fin de sa vie (surtout que le fond musical n’est pas celui de l’album mais du concert). Enfin, je dirai que malgré ces quelques attentes non comblées et un début un peu lent, l’œuvre globale reste très juste et poétique, un bel hommage au maître dont la beauté cachée se voit sans délais, délais.