Mais quelle mouche a donc piqué Jean-Marie Poiré? Est-ce l'ambition d'exporter "Les anges gardiens" aux Etats-Unis qui l' a conduit à appliquer au film, de façon caricaturale, les règles en vigueur dans un certain cinéma américain? Une certaine violence et, surtout, un montage hystérique semblent refléter la même hantise du temps mort et le souci superficiel d'être constamment spectaculaire.
Le résultat est dérisoire, ridicule, et les outrances de la mise en scène montre, cruellement pour lui, que Poiré n'est même pas capable d'imiter le savoir-faire des tâcherons d'Hollywood. Sacrifiée à une cadence infernal, ou le plan le plus anodin est décomposé par plusieurs caméras, la mise en scène est grotesque autant qu'insupportable. La multiplicité des angles casse toutes les scènes, y compris les séquences d'action qui, faute de recul et d'amplitude, sont des plus confuses.
Le plus grave est que les comédiens eux-mêmes se fondent dans la frénésie ambiante. Clavier et Depardieu gesticulent, crient et grimacent comme pour masquer la faiblesse du scénario et l'humour insipide des auteurs. Car, indépendamment de la forme du film, les idées comiques sont d'une grande pauvreté. Les quiproquos sont ternes et vite expédiés.
Les consciences figurées du père Tarain et d' Antoine Carco -noire pour le prêtre qu'incarne Clavier, angélique pour le patron licencieux que joue Depardieu) introduisent des situations vulgaires au coeur desquelles Poiré sacrifie, complaisamment, à la mode des effets spéciaux. Rien ne fonctionne dans ce film car rien n'est installé, pas plus les effets comiques que le jeu des comédiens.
C'est très décevant, mais j'ai envie de dire "tant mieux" au regard de cette comédie mouvementée qui pue le fric et qui reproduit davantage une étude de marché qu'une ambition artistique.