« Je suis le père Tarain, A.I.N comme pain, du bon pain !! » Après les génialissimes visiteurs, Jean-Marie Poiré sortait en 1995 un tout autre chef d’œuvre tiré du moule de son imagination fertile, et pas des moindres que sont les anges gardiens. Entre la précision d’interprétation de Christian Clavier, le jeu musclé de Gérard Depardieu et l’extraordinaire cohésion des deux, les éclats de rire sont garantis. Le concept en lui-même est hilarant : opposer deux personnages totalement antagonistes en mœurs comme en personnalité, et les confronter aux triades chinoises de Hong Kong à Paris sans aucun temps mort, d’action comme de rire. Sans oublier leurs anges gardiens respectifs, également antagonistes à l’extrême : Le curé très respectable se retrouvant harcelé par un suppôt de Satan, débauché et grossier, tandis que le gérant de cabaret, magouilleur et manipulateur écope d’un cul bénit de premier ordre, moralisateur et coincé. Le diable de l’un et l’ange de l’autre dilués dans une magnifique soupe à la grimasse. Un twist infernal au dynamisme si rare, et surtout, maitrisé de bout en bout, comme les dialogues aux petits oignons, subtiles et truffés de répliques cultes, sans jamais cessés d’être drôles, ou encore la gestion méticuleuse de l’action dans son enchainement perpétuel, d’ailleurs très proche de L'Opération Corned beef, sorti en 1991. Même le bêtisier en bonus est excellent, tellement riche de bonnes vibrations. Un abattage poilant de désinvolture, dont l’objectif est avant tout de détendre. Il n’y a pas de doutes possibles, Poiré est un génie du cinéma français, un exemple en matière d’humour, de maitrise et d’originalité. Cette longue absence depuis Ma femme... s'appelle Maurice pour une suite tardive des visiteurs, intrigue au plus haut point. Affaire à suivre donc. Inégalable et définitivement culte. 5/5