Les anges gardiens, je l'avais vu au cinéma à l'époque où il avait eu son petit succès. C'est une de ces grosses comédies françaises que TF1 se plaît à diffuser régulièrement le mardi soir avec Les Trois frères et Les Visiteurs quand elle n'a rien d'autre à se mettre sous la dent et veut s'assurer un succès d'audience facile...Les Visiteurs dont Les anges gardiens essaie de surfer. Et par extension les principaux buddy-movies que l'on a pu avoir dans les années 80/90. C'est à dire deux personnes que tout oppose (là en l’occurrence, un proprio de cabaret véreux et un curé bonne pâte) et qui vont devoir cohabiter. Là-dessus, le duo Clavier/Poiré croit avoir une idée de génie en incluant les doubles opposés des protagonistes principaux. Donc, prenons Clavier qui cabotinait déjà pas mal dans la peau du prêtre ("Taraaaaaaain a.i.n comme pain", beuglera-t-il à plusieurs reprises), ça devient carrément Jacquouillesque dans celle du démon. Donc de la comédie (Clavier qui a la chiasse dans l'avion, les boulettes tirées sur le chinois, la blague de la différence entre l'autruche et l'armoire à glace, Clavier enfermé dans un placard avec le mannequin tchèque Eva Herzigova, Depardieu qui fout un coup de boule à un noir après qu'il l'ait traité de gros), que l'on trouve ça drôle ou pas, à la base pourtant c'était le but. Un peu de SF, un peu d'action puisqu'ils ont des démêlés avec les Triades. Prétexte pour Poiré à se prendre pour le John Woo du pauvre, des effets spéciaux qui malgré leur laideur ont dû plomber le budget du film, des filles à poil... Bref, finalement, à vouloir brouiller les genres, Les anges gardiens se prend les pieds dans le tapis. Y a que le pauvre Yves Rénier, trop rare au cinéma, qui, conscient de ce qu'il tourne, parviendra à se faire buter au tout début. Enfin, quand je vois les futurs films que réalisera Poiré (Les Visiteurs 2, Les Visiteurs en Amérique, Ma femme s'appelle Maurice), aujourd'hui porté disparu et qui compte sur les Visiteurs 3 pour se relancer, ça fait presque passer Les anges gardiens pour un chef d’œuvre.