Triste à voir. Dès sa promo, il était évident que Sanctum serait, sinon décevant, très mauvais. Si mal (ou si bien?) vendu que nombreux croyaient que James Cameron le réalisait, il est arrivé comme un cheveux sur la soupe en début d'année 2011, prévoyant, involontairement, les débâcles à venir plus tard (dont Green Lantern, Shark 3D ou Conan), et suivant celles déjà survenues (au hasard, Le Dernier des templiers).
Dans ce beau cadre d'une année cinématographique décevante (pour les films à spectacle américains, j'entends), Sanctum, se présentant comme le nouveau Cameron, tient plus du sous The descent qu'autre chose : huis-clos dans une grotte où les hommes devront subir les comportements de leurs prétendus amis, cela dans un contexte de grotte qui s'est effondrée et dont il faut trouver une échappatoire, on ne trouve jamais d'originalité, jamais de détail intéressant, intriguant.
Parce qu'il y a dans Sanctum la volonté de toujours faire plus, jusqu'à finalement trop faire : soucieux de faire comme les américains, l'australien Alister Grierson accumule dans son film tous les clichés imaginables du genre, jusqu'à les mêler progressivement dans cette dernière partie ultra-violente et pathos à en crever, ridicule par les poncifs qu'elle présente au spectateur, comme s'il ne trouverai pas les situations grotesques.
Parce qu'on sent, tout du long, un terrible mépris du spectateur : idiot comme il est, il ne voudra certainement que du bourrinage et des dialogues vus et revus dans les pires films à tension, souillures des années 90 que l'histoire du cinéma a fait semblant d'oublier. Alors on surjoue comme Nicolas Cage un soir de cuite au casino, tout en croyant dur comme fer à cette histoire de survie à dormir debout, forcée, bêtement violente et sanglante, sans autre crédibilité que le nom de certains acteurs.
S'y sera retrouvé Ioan Gruffudd qui, loin de sa période blockbuster estivaliers (Les Quatre Fantastique et Le Roi Arthur), entame un rôle de méchant très méchant, et de lâche à la Paris dans Troie (la version d'Orlando Bloom). Pas crédible une seconde, lui aussi en plein excès, il démontre son manque de talent pour la nuance et la profondeur, nous livrant une prestation de surface absolument grotesque.
Face à lui, le Dracula de Van Helsing, bras droit de Sean Ambrose dans Mission Impossible II à ses heures, le charismatique Richard Roxburgh, et dont la propension au surjeu n'est plus à démontrer. Figure parentale, il campe ici le rôle du père du héros, un obscur acteur dont j'ai complètement oublié le nom, et sert de guide à l'intrigue et au fameux protagoniste, amenant avec lui une histoire de rédemption familiale mal placée et des situations d'un pathos hallucinant.
Sacrifice amené à la truelle, meurtre pour empêcher son ami de souffrir en le noyant, ultimes paroles pour se rattraper d'une vie d'ignorance et d'inconsidération de l'autre; tout ce qu'on a vu ailleurs se retrouve ici, et donne lieu à un melting-pot absolument gerbant du fait de son sérieux trop présent. Hurlements, regards durs, giclements de sang, citations balancées par pacs de douze pour étaler la philosophie reaganienne du film.
Les incohérences se multiplient, les dialogues ne cessent de balancer des évidences avec le ton grave des films américains sérieux qui ne déconnent pas avec la survie du peuple des envahisseurs, sans que la forme, pourtant premier argument de vente, ne rattrape ses grossières erreurs d'écriture. Sûrement qu'en 3D, ce pouvait être efficace et plutôt pas trop moche, mais à le voir en condition normales sur un téléviseur, le cadrage, les décors, la composition des plans, tous ces éléments paraissent trop vides, trop peu inspirés pour être seulement impressionnant en relief.
Sanctum, quoi qu'il en dise, n'est jamais beau, jamais agréable à l'oeil : d'une banalité affligeante, il rate la représentation du décors où The Descent y parvenait dès ses premiers bouleversements, avec certes plus de fantastique et de violence, mais possédant une réflexion et une esthétique supplémentaire. On se surprend ici à ne trouver aucune véritable direction artistique derrière le déroulé de l'intrigue : on nous déballe des morts, des rivalités, des personnages caricaturaux et des situations toujours plus imaginatives sans jamais tenter de donner un semblant de personnalité à ses visuels banals.
Et si certains passent (notamment quelques plans de liberté ou d'approche de la surface), c'est moins du au talent de l'équipe qu'au budget conséquent qu'on a pu lui attribuer; 30 millions de dollars pour un huis-clos, c'est se mettre à l'aise pour pouvoir balancer un maximum d'images démontrant leur coût certain. Et si l'on sent parfois la patte de Cameron, notamment pour représenter les passages sous l'eau, et dans le choix des couleurs bleutées, on a finalement plus le ressenti de se trouver face à une série Z de dimanche soir que devant un film qui va véritablement apporter quelque chose au spectateur, comme le laissait présager sa promotion désastreuse et purement malhonnête.