« Beware of the moon and stick to the road. »
Quand il ne fricote pas du côté des meilleurs créateurs humoristiques étasuniens (le trio ZAZ, le Lampoon’s, le Saturday Night Live), John Landis (cascadeur dans ses jeunes années) écrit ses propres films. C’est le cas de ce Loup-Garou de Londres, sorti en 1981, tout juste après le phénoménal et cultissime Blues Brothers (estampillé SNL). D’entrée, ce qui tranche, c’est la mobilité de la caméra et les décors naturels, qui ne sont pas sans rappeler les films d’horreur de l’époque, tournés comme des films expérimentaux. On se rappellera utilement que la libération sexuelle et des moeurs est passée par là, libérant la créativité des jeunes artistes qui n’hésitent plus à montrer ici une paire de seins ou un homme nu, là quelques litres d’hémoglobine.
Sans être à proprement parler un ponte en sociologie, Landis dépeint régulièrement des fresques sociales par opposition : des étudiants rebelles face à un pouvoir hiérarchique corrompu (American College/National Lampoon’s Animal House, 1977), un groupe de blues hors-la-Loi face à la police (The Blues Brothers, 1980), un sdf face à l’arbitraire de rois de la Finance (Un Fauteuil Pour Deux/Trading Places, 1983), un richissime prince africain face au dénuement d’Afro-Américains du Queens (Un Prince à New-York/Coming to America, 1988), etc. Ici, et dès le début, deux jeunes étudiants états-uniens façon routards sont confrontés à la superstition aride de vieux Anglais perdus dans la Lande. Le choc des cultures, encore.
Pour revenir à la réalisation, Landis alterne les plongées et contre-plongées avec les plans fixes et les mouvements de caméra subjectifs à l’épaule, nimbant les arrières-plans de flou, comme Carpenter le fit dans La Nuit Des Masques/Halloween (1978) ou Sam Raimi dans Evil Dead (1981 aussi).
Au final, Le Loup-Garou de Londres n’est pas à proprement parler un film d’horreur, ou alors les artifices ont salement vieilli, mais un film drôle, parfois même grinçant, qui transgresse pas mal de codes de morale
et qui finit mal
.