Ça commence très bien, avec un premier épisode assez fort, qui adopte le point de vue d’une victime de viol et fait de ce parti pris (finalement assez rare dans la fiction) plus qu’un simple changement d’angle, une véritable expérience de spectateur, tant par le récit que par la mise en scène. L’arrivée des deux inspectrices au second épisode donne de la densité à la série et on voit se superposer deux fils narratifs destinés à se rejoindre. Voir Toni Collette et Merritt Wever ensemble à l’écran est un bonheur qui m’a rappelé les meilleurs moments de Nurse Jackie et United States of Tara, deux séries modestes, qui traitaient de sujets graves avec une certaine légèreté. On ne trouvera pas cette légèreté dans Unbelievable, non seulement parce que le genre ne s’y prête pas, mais aussi parce qu’il s’agit clairement d’une série « à sujet », dont l’objectif évident est d’aller jusqu’au bout de sa démonstration et de ne jamais perdre de vue le discours qu’elle produit, à chaque épisode, sur le viol, l’incompétence ou l’impuissance policière, l’injustice, les préjugés, etc. Résultat, le récit devient de plus en plus mécanique, notamment dans la deuxième moitié de saison, jusqu’à une dernière scène tellement mielleuse qu’elle en est presque gênante. Pour couronner le tout, un léger soupçon de bigoterie plane sur le scénario et parasite l’atmosphère poisseuse de ce qui apparaît parfois comme un sous-Mindhunter. Restent une efficacité et un plaisir certains, et le talent des comédiennes, qui portent la série même dans ses baisses de régime.