La leçon de piano", de Jane Campion, tout à la fois gracieux, élégant et majestueux. Du grand cinéma, façon fresque affective grandiose, avec une évidente débauche de moyens, mais aussi une exigence scénaristique et littéraire puissante.
Ce portrait de femme si forte par-delà les apparences par une autrice si talentueuse, est bouleversant de sensibilité et s’impose comme un modèle du genre.
« Je n’avais pas besoin de parler, je pouvais inscrire des pensées en lui comme sur une feuille ».
C’est ici la folle alchimie de l’amour. A défaut du son d’une voix, c’est la parole du cœur et des émotions qui se font entendre, à travers les traits de douceur et de douleur de Ada, mais aussi le son si précieux de ses silences et celui, déchirant de son piano.
C’est aussi la fièvre des corps, le désir brulant et l’amour paralysant. L’autre, ici Ada, ne devient presque plus que souffrance pour le personnage de George. Même présente, la peur de son départ est une terrible déchirure, une indélébile meurtrissure. C’est l’irrationalité de l’amour qu’on ne choisit pas, et la violence du sentiment envahissant. Plus rien ne compte, tout est dérisoire et inutile, seul compte son battement de cil…
Jane Campion filme sublimement ses formidables amants maudits, Holly Hunter et Harvey Keitel, couple passionnel et iconique.
Tout est art dans ce chef d’œuvre… C’est le bruit des flocons de neige sur l’eau… c’est inoubliable…