Amadeus, le Biopic aux dix nominations et aux 8 oscars, adulé par le monde entier et placé aux côtés des plus grandes œuvres de l'histoire entière du cinéma. Autant de bonnes raisons attisant mon attention et réveillant en moi une folle excitation, pensant jubiler devant un chef d’œuvre hors-normes. Pourtant la déception fut somme toute assez grande lorsque le plan final laissa place à la noirceur du générique. Ces 2h40 d'images (il s'agissait ici de la version basique et non du "director's cut"), aussi impressionnantes soient-elles, me laissèrent clairement sur ma faim, attendant bien plus de la part d'un tel maousse du cinéma historique. Cette déception renvoie majoritairement au traitement plus que superficielle de la vie du plus fameux compositeur classique de tous les temps, Mozart. Le pianiste allemand se trouvant ici ridiculisé et emprisonné derrière un masque honteux de naïveté simpliste. Le personnage est abordé comme quasi-simplet, manifestant une débilité rare et très communicative, que ce soit derrière ses mimiques grotesques, son comportement vulgaire ou son insupportable rire de souriceau. Aucune profondeur morale ni même une once de crédibilité ne sont attribués à ce génie, passant ici du début à la fin comme le pire des crétin. Et ce n'est certainement pas l'interprétation de Tom Hulce qui sauvera les meubles et qui, via ses traits d'adolescent capricieux et simplet, ne marquera pas les esprits. Il serrait tout de même fâcheux de prétendre que le bougre joue mal, suivant simplement et malheureusement au pied de la lettre un rôle indigne de son personnage,presque humiliant. Le film aurait en fait bien moins choqué s'il s'était nommé "Salieri". En effet, le portrait de l'ultime concurrent du jeune enfant prodige, fou de jalousie et d'admiration envers ses partitions, porte à lui seul la force sentimental et le charme du film. Je m'incline donc devant F. Murray Abraham qui tisse et crée de toute pièce un personnage aussi charmant que détestable, touchant et réellement profond, paradoxalement le véritable héros de ce film. Une interprétation tout en finesse, entre retenu et débordement, passion et courroux, extrêmement vivante par rapport à un Mozart incidence et très peu crédible. Malgré tout, cette confrontation cupide et furtive semble vite étranglé à travers une histoire bancale, malgré la malicieuse idée de narrer le récit du jeune Amadeus via les confession d'un vieillard aigri, à moitié sénile et rongé par la haine envers Dieu et son éternel ennemi, j'ai nommé Salieri évidemment. Dommage donc que le film s’éternise sur des détails assez futiles et ne se penche pas une seconde sur les motivations et pensées personnelles de Mozart. Sa femme, interprétée par la pulpeuse Elisabeth Berridge, n'apporte pas grand intérêt au récit, si ce n'est que d'exposer une poitrine généreuse, étouffée dans un bustier presque trop serré. Non, sans plaisanter, Amadeus souffre d'un cruel manque de finition et Milos Forman, talentueux réalisateur, aurait pu bien mieux exploiter les facettes de l'incroyable vie du compositeur. Certains éléments sont même outrageusement inventés de toute pièce, comme la soit disant dépendance de Mozart à la boisson (plusieurs plans nous laissent apercevoir le compositeur ,ivre, accompagné d'une bouteille d'alcool). Cependant ne vous dépitez pas car "Amadeus" recèle aussi des qualités louables, en grande partie dues à un budget grassouillet, jouant la carte du grandiloquent par le biais d'une reconstruction historique fascinante (décors, costumes, salles de concert, opéras, foisonnement de couleurs et de détails)... Une profusion visuelle peut-être exagérée et inutile car n'étant nullement mise en valeur par la mise en scène, de facture très classique et discrète. Reste la majestueuse bande son de Mozart, délicieuse de bout en bout.
En conclusion, difficile de se forger une véritable opinion devant ce colosse du septième art. Se dégage globalement une amertume, restant quelque peu pantois devant d'innombrables imperfections et des séquences d'une douloureuse pauvreté émotionnelle (et ce malgré l'émouvant et très juste Salieri) .Un film biographique largement romancé, plaisant à voir et jamais ennuyeux mais qui n'est manifestement pas le "classique aux 8 oscars" auquel j’espérais ardemment. 13/20