Dans le paysage cinématographique des années 90, "Pretty Woman" se dresse comme un phare de la comédie romantique, bien que son éclat soit quelque peu tamisé par des éléments qui empêchent le film d'atteindre la perfection. Ce conte de fées moderne, qui retrace la romance improbable entre un homme d'affaires fortuné et une prostituée au grand cœur, brille grâce à l'alchimie indéniable entre Richard Gere et Julia Roberts. Leur dynamique à l'écran, mélange de charme, d'humour et de vulnérabilité, constitue la colonne vertébrale du film, offrant à Julia Roberts un tremplin vers la célébrité.
Le film, cependant, navigue dans des eaux troubles, jonglant avec des thèmes de classe, d'amour et de rédemption, sans toujours réussir à trouver un équilibre. La transformation de Vivian, de prostituée à membre éblouissant de la haute société, tout en captivant, frôle par moments la superficialité, reliant son épanouissement et son acceptation à sa capacité à s'intégrer dans un monde de luxe et de privilèges. Cette métamorphose, bien qu'emblématique, masque les réalités plus sombres et complexes de la vie des personnes dans sa situation.
La réalisation de Garry Marshall mérite des éloges pour sa capacité à infuser au film un charme indéniable, parsemé de moments de légèreté et de tendresse qui captivent le cœur du public. La musique, mélangeant des classiques de l'opéra à des hits contemporains, ajoute une couche supplémentaire d'émotion et de nostalgie, bien que la bande-son puisse parfois sembler disparate, reflétant les contrastes internes du film.
L'un des aspects les plus mémorables de "Pretty Woman" réside dans sa capacité à insuffler de l'espoir et de la magie dans le quotidien, présentant une romance qui défie les conventions sociales et les attentes. Cependant, cette idéalisation peut parfois sembler déconnectée des réalités plus dures, laissant entrevoir des opportunités manquées d'explorer plus profondément les thèmes de l'authenticité et des luttes personnelles.
En somme, "Pretty Woman" reste un pilier de la comédie romantique, captivant par son charme et son esprit, mais ne parvient pas tout à fait à surmonter certaines de ses limitations narratives et thématiques. Il se tient fièrement, mais avec une certaine réserve, dans le panorama cinématographique, comme une œuvre qui éblouit tout en laissant l'observateur songeur sur ce qui aurait pu être si son cœur avait battu un peu plus fort pour les complexités de ses personnages.