François Pignon est voiturier dans un restaurant chic. Il partage son appartement minuscule avec son collègue Richard, et il vient de se faire éconduire dans sa demande en mariage par Emilie qui n'a pas la tête à ça, et préfère le considérer comme un petit frère. Jusqu'au jour où il se trouve dans le champ d'un paparazzo, au moment où celui-ci surprend l'homme d'affaire Levasseur avec le mannequin Eléna. Comme c'est sa femme qui détient la capital, le chef d'entreprise doit tout faire pour empêcher le divorce. Conseillé par son avocat, il embauche Pignon comme "doublure" : ce dernier doit héberger Eléna, et se montrer en public à son bras. Mais le machiavelisme du businessman et les manoeuvres de sa femme qui n'est pas dupe de son double jeu vont être déjouées par la complicité imprévue du top model et du voiturier...
Après Jacques Brel, Pierre Richard, Jacques Villeret et Daniel Auteuil, c'est au tour de Gad Elmaleh d'endosser le costume de François Pignon, éternel Auguste. C'est peut-être là que réside la faiblesse du film. Non pas que Gad Elmaleh soit particulièrement mauvais, mais il a un côté trop... trop Gad Elmaleh, sympathique et malicieux, qui ne correspond au personnage de looser jusqu'au-boutiste qu'avaient si bien su interpréter les deux Jacques, Brel et Villeret. Cette réserve faite, la mécanique veberienne fonctionne. Son sens du rythme est toujours là, et le nombre importants de personnages ainsi que la complexité de la machination conduisent à un enchaînement sans faille des scènes.
Et puis, il y a des personnages secondaires truculents : Dany Boon, en copain squatter désespéré de voir son compagnon de galère s'en sortir ; Richard Berry, fielleux à souhait dans son rôle d'avocat véreux ; et surtout Michel Aumont, en médecin qui tombe malade chez ses patients, se fait soigner par eux mais n'oublie pas de se faire payer ! Quand il pique ses crises d'enfant gâté, Daniel Auteuil retrouve sa veine comique ; par contre, il est vraiment peu convaincant quand il doit jouer les ambiguités du personnage, comme c'était déjà le cas dans "Le Placard".
Comme souvent chez Veber, on a l'impression qu'on aurait pu aller plus loin dans la cruauté des situations et dans la folie des personnages. Les bons sentiments ne sont jamais loin, et la punition du méchant inéluctable au même titre que le happy end programmé. Mais même si elle n'a été exploitée qu'en surface, l'idée de départ était suffisamment originale pour permettre une comédie enlevée et somme toute sympathique.
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