Je ne dois désormais plus être très loin d'avoir vu tous les François Ozon... « Le temps qui reste » n'est pas mon préféré, mais offre paradoxalement parmi les plus beaux moments que j'ai pu voir chez le cinéaste. Dommage, du coup, que celui-ci se complaise parfois dans quelques plans poseurs, d'autant que si on lui sait gré d'une durée particulièrement courte (moins d'une heure vingt), on sent bien qu'il a du mal à densifier son récit, certains passages
(notamment autour du couple stérile)
, malgré un traitement correct, apparaissant peu crédible et surtout peu dans le ton. Difficile, également, de croire au comportement odieux de Romain vis-à-vis de sa sœur, le rendant inutilement antipathique aux yeux des spectateurs durant quelques minutes. Ce qui n'empêche nullement les « instants de grâce », et il y en donc pas mal : tout ce qui touche à la famille, notamment (l'exemple précédent excepté), la relation au père et
cette lettre qui amène à la réconciliation avec sa frangine
, que j'ai trouvé d'une grande délicatesse. Mon passage préféré reste toutefois celui avec la grand-mère, interprétée par une magnifique Jeanne Moreau : il paraît tout simple, mais il est incroyablement juste. Chaque plan, chaque dialogue, ce lien extrêmement fort que l'on ressent... Tout coïncide à en faire un très beau moment de cinéma. Enfin, même si cette approche peut paraître un brin distanciée, presque froide, elle évite aussi tout pathos, tout larmoiement pour quelque chose d'assez pur, à l'image d'une conclusion un poil surlignée, mais demeurant assez forte, notamment visuellement. Perfectible, donc. Une légère impression de remplissage pouvant gêner. Mais aussi une œuvre capable de faire des choix forts, à l'opposé des traitements larmoyants si fréquents, évitant habilement plusieurs facilités (le héros (homosexuel) est atteint d'un cancer et non du sida, cela peut paraître anodin mais à mon sens cela change pas mal de choses), l'auteur de « Dans la maison » ayant qui plus est trouvé en la personne de Melvil Poupaud un très bel interprète. Apaisant.