Sur le papier, on redoute que le dernier François Ozon ne soit quun pâle plagiat du grand film de Xavier Beauvois, « NOublie pas que tu vas mourir ». Les arguments narratifs sont en effet similaires. Un jeune homme, à qui tout réussit, apprend par un médecin quil ne lui reste plus que quelques mois à vivre et décide de ne pas suivre de traitement médical pour vivre intensément ces derniers instants. Sauf que là où Beauvois jouait à fond la carte du romantisme adolescent (drogue, sexe, art, amour, guerre, sacrifice), Ozon développe une tout autre destinée à son personnage fort peu sympathique au départ (un Melvil Poupaud convaincant) et le fait se réfugier vers des valeurs beaucoup plus traditionalistes et bourgeoises. Avant de mourir, il ne faut pas oublier de dire à ses proches quon les aime. Le jeune homme va donc se rapprocher de son père (le sublime Daniel Duval, encore une fois excellent), de sa sur et de sa grand-mère (une Jeanne Moreau en roue libre), régler ses comptes avec son petit ami (puisquon est chez Ozon, le protagoniste est forcément homosexuel) pour pouvoir alors partir en paix, renoncer à la vie et se laisser littéralement mourir. Ce qui, évoqué de la sorte, pourrait paraître cliché, fonctionne pourtant sur pellicule. Ozon fait, pour une fois, dans lépure, et parvient à émouvoir simplement, sans racolage. Au vu du sujet traité, on ne lui demandait pas grand-chose dautre.