Il y a à peine plus de trois ans sortait en salles l'une des oeuvres cinématographiques majeures de l'année 2010. Particulièrement attendu tant par les fidèles de monsieur Jackson que par les lecteurs de La Nostalgie de l'Ange, un bestseller aux thèmes particulièrement délicats, le film héritait d'un accueil très mitigé dans la presse. Et pourtant, Lovely Bones a tout les critères du film à impact réussi. Lovely Bones appartient à cette classe de films qui nous effraient, qui nous font rêver, qui nous font frissonner, ce genre de films poignants qui envahissent notre esprit et y demeurent bien après le générique final. Ce genre de films qui nous affectent tout particulièrement, qui arrivent à nous toucher, à nous bouleverser. Lovely Bones c'est une vision de l'au-delà inhabituelle, très différente de ce que l'on avait pu voir jusqu'ici, une approche intimiste et on ne peut plus humaine du deuil, de la mort. Mais Lovely Bones , c'est avant tout un film d'une beauté envoûtante, un film qui nous emmène ailleurs, en mêlant avec brio le fantastique pur à l'aspect réaliste d'une histoire tragique. Mais c'est également un film extrêmement sombre, dur, perturbant, parfois même dérangeant, et ce d'autant plus lorsque le sujet abordé réponds au nom de pédophilie. Lovely Bones c'est un voyage entre deux mondes, un monde surnaturel et spirituel dans lequel une jeune fille voit évoluer sa famille et son assassin après son meurtre , et notre monde, le monde réel tel qu'on le conçoit, dans lequel il nous est retranscrit le parcours de cette famille qui vit dans l'incertitude et l'impuissance face au drame, sans parvenir à faire son deuil tant que justice n'est pas faite. Mais également le cheminement de l'assassin, ce qui constitue certainement le côté le plus noir et dérangeant du film. Lovely Bones est donc un film qui nous touche. Tout y est fait, construit, mis en scène pour susciter la moindre de nos émotions, sans pour autant jamais tomber dans le doucereux ou le larmoyant. Et c'est là l'une de ses qualités premières, la capacité de Peter Jackson à capter l'attention de son spectateur sans jamais trop en faire, en prenant notamment le parti de la suggestion. Suggérer sans montrer, et laisser notre imagination faire le reste, l'effet est décuplé et sûrement même bien plus intense que des images concrètes. Certaines séquences s'avèrent d'une efficacité redoutable et nous clouent au fauteuil tant la mise en scène est intense et maîtrisée : l'homme aux multiples Oscars est de retour et n'a décidément pas perdu la moindre parcelle de son talent derrière sa caméra. Mais Lovely Bones c'est aussi des acteurs, une pléiade réellement bluffante dans la peau de personnages authentiques, simples et attachants. La sensibilité de Suzie et la beauté de sa relation avec son père, qui donne d'ailleurs à Mark Wahlberg l'occasion de s'illustrer dans un de ses meilleurs rôles, l'excentricité d'une Susan Sarandon dans la peau d'une grand-mère totalement dépassée par les événements, mais aussi la froideur et la perversité d'un Stanley Tucci qui fait incontestablement son entrée dans la liste des personnages les plus effroyables et les plus dérangeants du cinéma. Et puis, il y a cette bande-originale absolument magique. Ces thèmes de Bryan Eno juste fascinants, et ces quelques chansons qui apportent au film un esprit à part, coloré et tellement sombre à la fois. Lovely Bones est donc l'une de ces oeuvres virtuoses et hors du commun, extraordinairement belles, sensibles, et bouleversantes. On ressort de la salle, après une dernière et sublime réplique à nous donner la chair de poule, convaincus d'avoir assisté à un grand film, un film que l'on oubliera pas de si tôt. Un chef d'oeuvre.