Dans le panorama cinématographique des adaptations de Dracula, "Dracula" de Francis Ford Coppola sorti en 1992, se distingue par son ambition esthétique et sa relecture romantique du mythe du vampire. Le film se déploie comme une fresque visuellement luxuriante, saturée de couleurs et de textures qui semblent émerger directement d’un tableau expressionniste. Coppola, en collaboration avec le directeur de la photographie Michael Ballhaus et la costumière Eiko Ishioka, crée un univers où chaque cadre mérite d'être encadré.
Le choix de Gary Oldman pour incarner Dracula est particulièrement inspiré. Oldman parvient à offrir une performance nuancée, oscillant entre la monstruosité terrifiante et une vulnérabilité presque touchante, encapsulant parfaitement la dualité du personnage. À ses côtés, Winona Ryder et Anthony Hopkins apportent un mélange d'innocence et d'intensité, respectivement, bien que la prestation de Keanu Reeves soit souvent critiquée pour son manque d'authenticité dans un rôle qui exigeait une portée dramatique plus complexe.
Le film brille surtout par son approche visuelle. L'utilisation inventive des effets spéciaux, qui s'appuie sur des techniques traditionnelles plutôt que sur l'infographie alors naissante, confère au film une texture organique qui renforce son atmosphère gothique. La musique de Wojciech Kilar, avec ses thèmes lancinants et dramatiques, amplifie l'ambiance oppressante et tragique du récit.
Néanmoins, le film n'est pas sans défauts. Le scénario parfois surchargé peine à maintenir une cohérence narrative, laissant certaines subplots sous-développées et d'autres, sur-expliquées. La tentative de tisser une histoire d'amour profonde entre Dracula et Mina, bien que séduisante, frôle par moments l'excès et risque de diviser les puristes du roman original de Stoker.
En somme, "Dracula" est une œuvre qui, malgré certaines incohérences dans le récit et une distribution inégale, réussit à captiver grâce à son style visuel audacieux et à des performances mémorables. C'est un film qui s'apprécie autant pour son audace artistique que pour son interprétation des thèmes éternels de l'amour, de la perte et de la damnation.