Le chef d’œuvre culte de Coppola qui l’a fait connaître (et l’a sauvé de la ruine), la référence pour les films de vampire, la meilleure adaptation du roman de Bram Stoker, un casting top… On pourrait trouver beaucoup de superlatifs encore mais les moyennes devraient suffire à l’expliquer : 4.2 pour la presse et 4 pour les spectateurs, un plébiscite, même si ça ne prouve pas toujours tout.
Le parti de Francis de garder le format journal (de bord, intime etc) et lettres qu’avait utilisé Bram Stoker est tout à son honneur, l’axer sur une histoire d’amour (éternelle) est tout aussi courageux, le résultat est juste merveilleux. Cela permet notamment d’expliquer et de comprendre le geste du comte ainsi que sa haine ; puis ça en fait un ange déchu, ce qui est mieux qu’un simple antagoniste. Avoir un peu d’empathie pour un méchant est un gage de qualité, c’est ce qui le rend culte aussi. L’intro pour cela est tout bonnement géniale, elle montre la complexité de Dracula et visuellement c’est magnifique. Alors oui on peut deviner la fin, mais la construction (sous forme théâtrale) n’en est pas moins intéressante, puis l’amour version réincarnation c’est (trop ?) peu vu. En dehors d’apporter un côté intemporel et fabuleux, cela rend Mina plus moderne, moins greluche et attentiste, bref ça étoffe son personnage qui est trop creux dans le roman. Notons d’ailleurs que c’est Wynona qui s’empare du script et le propose à Coppola, bien inspirée non ?
La musique joue un rôle important dans l’ambiance que crée le réalisateur, tantôt oppressante tantôt fantastique, avec ses thèmes propres à chacun et modifiés selon les situations, elle amène tout autant le suspens que la mise en scène, d’ailleurs elle remportera un Oscar. Ajoutez à cela les décors stylisés et on a un style baroque assumé qui joue à plein. Mention spéciale au casting: Oldman est le meilleur Dracula, tant jeune que vieux, et trouve là son meilleur rôle selon moi, Hopkins fait un super Van Helsing savant et déjanté, Reeves en ingénu innocent anglais est dans les clous, Wynona est une Mina tiraillée formidable, Monica Bellucci en catin vampire hum… rien à redire non ? Surtout qu’à l’époque ces acteurs n’étaient pas aussi connus que maintenant, et ils le doivent en partie à ce long métrage. En plus les transitions sont top (typés expressionnisme), on a des jeux d’ombres et de lumières magnifiques, un style gothique réaliste, le passage genre cinématographe est superbe, les costumes sont sublimes (récompensé par un Oscar avec les maquillages), les FX datent un peu mais font encore l’affaire, on a tous les composants/ingrédients de la peur, l’arrivée de Van Helsing ressemble trop à celle du père dans l’Exorciste pour qu’on la rate, on a pleins des symboles religieux… Et tout ça aboutit à un chef d’œuvre romantique, assez inattendu non ?
Pour moi le meilleur long métrage de Coppola n’est pas « The Godfather », c’est Dracula. Devenu culte, et un classique de l’épouvante ainsi que le mètre étalon des films de vampire, Dracula c’est juste top, à conseiller fortement une fois les 13 ans passés. Selon moi, c’est le seul exemple d’adaptation d’un bouquin qui dépasse sa version papier, une exception notable.