Le réalisateur Francis Ford Coppola s’attaque à un mythe avec le Dracula de Bram Stoker, l’un des personnages les plus adaptés au cinéma de toute la littérature fantastique, connu de tous, et qui n’aura pas toujours eu les honneurs d’une transposition fidèle ou au moins honorable. Au contraire, galvaudé au détour de trop nombreuses adaptations médiocres, il était temps de redonner au terrible Comte nocturne ses lettres de noblesse et toute sa prestance charismatique dans un décor chargé et baroque rendant les nuits encore plus sombres et profondes. On peut certainement compter sur Coppola qui a démontré qu’il a les capacités de s’attaquer à n’importe quoi pour en faire un chef d’œuvre. Le cinéaste a été immédiatement intéressé par le projet et son énorme potentiel, lorsque le script lui fut présenté par la comédienne Winona Ryder. Restait juste à trouver le plus dur, l’acteur qui jouerait le fameux Comte Vlad l’Empaleur dit par la suite Dracula. Sur ce point, le cinéma n’a pas toujours rendu justice au personnage terrifiant de Bram Stoker avec des choix débiles ou insipides. Ce sera sur l’excellent acteur Gary Oldman que penchera Coppola, lui offrant au passage l’un de ses grands rôles dans sa riche carrière. Compléteront la distribution le nettement moins bon Keanu Reeves (en Jonathan Harker), Winona Ryder (en Lucie, la fiancée d’Harker convoitée par Dracula), Anthony Hopkins (en Van Helsing, le fameux opposant au Comte) ainsi que dans des rôles plus secondaires Cary Elwes, Sadie Frost (qui connaîtra pas mal de soucis sur le tournage, trop souvent terrifiée par les scènes qu’elle devait jouer) mais encore Tom Waits et même une Monica Bellucci qui faisait ses débuts au cinéma et dont le rôle de concubine du Comte relève de l’anecdote. Le "Dracula" de Coppola est aujourd’hui une référence dans le fantastique et désormais un grand classique. Salué par la critique et le public à sa sortie, primé dans plusieurs cérémonies dont aux Oscars, il se démarque par sa volonté de revenir aux sources, aux origines du roman de Bram Stoker et de redévelopper une belle et soignée transposition de l’univers baroque et envoûtant, présent dans le roman. Et pas de doute, Coppola a su faire de son film une merveille plastique et visuelle. Les images y sont d’une beauté baroque magistrale, certains plans relevant de la pure composition artistique et graphique et le tout, sans effets spéciaux faits par ordinateur, chose qu’avait refusé Coppola lors de la préparation du tournage. S’inspirant de la peinture, de l’architecture et de la littérature fantastique en général, Coppola parvient en effet à redonner force et caractère à son adaptation pour en faire peut-être l’une des plus réussies tant le travail de transposition est difficile voire, à se demander, s’il n’est décidément pas impossible. Commençant avec une introduction nous présentant les origines de Dracula datant de 1462, le film de Francis Ford Coppola se déroule
en 1897 où il est peu à peu poussé à quitter son vieux manoir de Transylvanie pour Londres où il cherche l'amour à travers Mina, sosie de son ancienne femme qui le poussa involontairement à devenir ce qu'il est
. Coppola nous livre une version romantique et baroque du célèbre vampire créé par Bram Stoker. La mise en scène est brillante, tout comme la reconstitution, les décors et les costumes qui donnent un air gothique au film. Que ce soit au niveau des plans, des cadres, des couleurs ou encore de la musique, le cinéaste américain maîtrise tous les éléments d'une main de maître, nous permettant d'entrer dans l'ambiance du film, il rend aussi référence aux expressionnistes à travers un jeu d'ombres impeccable et inquiétant. Coppola axe son récit sur Dracula, capable de prendre diverses apparences, que ce soit en vieillard un peu androgyne au début du film, en loup ou en jeune et beau comte. Et finalement, il arrive à rendre son Dracula humain et complexe, torturé et amoureux, face à d'autres personnages, plus ou moins intéressants, parmi lesquels on retrouve Van Helsing ou encore Jonathan Harker, notaire qui
va se rendre en Transylvanie pour conclure la vente d'une abbaye à Dracula et qui par la même occasion va involontairement lui faire découvrir Mina, sa femme
. L'atmosphère sombre, gothique, romantique et finalement envoûtante est impeccable. Les interprétations sont plutôt bonnes, emmenées par un terrifiant et envoûtant Gary Oldman, superbe dans la peau du célèbre vampire. Les compositions de Winona Ryder et Anthony Hopkins sont aussi impeccables. Décors, costumes, lumière, photo, tout est parfaitement réalisé pour un film à l’atmosphère baroque, sensuelle et grandiose. J 'ai été sensible au côté baroque du film et à son univers fantastique, par sa beauté visuelle, son histoire de passion obsessionnelle et très sensuelle. Une réussite car Coppola adapte le célèbre roman avec génie, que ce soit dans sa maîtrise technique ou dans l’atmosphère qu'il lui donne, envoûtante, romantique, sombre et baroque. Un vrai chef d'œuvre et un grand classique du cinéma fantastique