Ce n’est pas la première fois qu’un livre de Stephen King est adapté au cinéma. Mais, dans « Simetierre », King écrit lui-même le scénario et fait même une courte apparition (il n’est pas bien difficile à remarquer !). L’exercice de la transposition d’un livre sur le grand écran n’est pas une tâche aisée, beaucoup tombent dans les méandres de la médiocrité. « Simetierre » gagne haut la main sa place dans cette triste catégorie. Si le bouquin est excellent de haut en bas (une habitude avec Stephen King), le film est une amère déception, qui n’arrive pas à convaincre un instant.
« Simetierre » reste fidèle au livre, il n’y a aucun problème. Le contraire aurait engendré une sacrée surprise, Stephen King connait tout de même son bouquin sur les bouts de ses doigts ! Avec de telles possibilités, le film aurait dû suivre sa trame. Le problème réside dans le fait que le film est creux, vraiment très creux. Il n’y a strictement aucun relief, c’est plat comme une crêpe. L’action se déroule bien trop rapidement, les relations entre les personnages ne sont pas mises en place. On ne ressent pas l’amour des parents envers leurs gosses par exemple, ni la réelle peur qu’inspire ce fameux cimetière. Le tout est survolé, sans jamais approfondir quoi que ce soit… ça en devient vraiment frustrant (la pseudo-bagarre devant le cercueil). Mary Lambert donne la mauvaise impression de vouloir tout miser sur le final, en éloignant volontairement les aspects primordiaux du livre. Dans ce dernier, la mort est omniprésente, c’est un peu le fil conducteur. Mais là, elle est tournée en dérision. Il suffit de regarder le fantôme de Victor Pascow, qui est ridicule comme pas deux (c’est bien différent du roman, là) pour le comprendre. L’ambiance ne fait pas trembler, la forêt et le cimetière ne sont pas assez exploitées, ce qui donne un sacré paradoxe à la fin. Pourtant, tous les éléments étaient présents pour pouvoir proposer un spectacle horrifique, où la terreur serait plus spirituelle que visuelle. Il y a bien quelques moments qui font un peu sursauter, mais ce ne sont que des effets de surprise. Et quand un film en est résumé à ça pour faire trembler le spectateur, on est fort loin du compte. Les scènes les plus attendus sont bien reproduites, comme ce final explosif qui rattrape un peu le tout (quoique, ça traîne légèrement en longueur… un comble pour un film qui va à 200 kilomètres à l’heure). Certains passages sont assez jouissifs dans le genre gore.
Avec un scénario aussi mal traité, il faut que les acteurs soient excellents. Et c’est encore une sacrée douche froide. Les deux parents, Louis et Rachel, sont juste très mauvais. Ils ne transmettent strictement aucune émotion, c’est comme si la mort de leur fils serait l’équivalence d’un gâteau brûler. C’est pour dire le niveau, hein… Denise Crosby, qui joue Rachel, gagne la palme de la médiocrité. En plus d’être vraiment énervante, elle ne convainc jamais. Dans le roman, elle vit très mal la mort de son fils, là, c’est le contraire. Même chose pour Louis, il n’est guère passionné par son rôle. Autant prendre un inconnu quoi ! Jud se devait être un bon vieux pépé, sympa comme tout, hé ben dans le film, il est dégueulasse et assez pitoyable (quand il pleure et cri à la fois). Son personnage n’est pas assez exploité, quel mauvais acteur ! Par contre, il faut saluer Miko Hughes, qui joue parfaitement Gage. En plus d’être mignon comme un petit chou à la crème (« oh oh »), il est réellement effrayant, une sorte de Chucky humain ! Dommage que ses relations avec ses parents soient laissées pour compte.
Si on regarde bien, il n’y a qu’un seul acteur qui s’en sort avec les honneurs (et ironie du sort, c’est le plus jeune haha). C’est d’ailleurs le seul par lequel la peur se fait sentir, ce ne sont pas les bruitages minables et la musique pseudo-effrayante qui diront le contraire. « Simetierre » a beau être fidèle au livre, il n’en reste pas moins mauvais et décevant. Et ce n’est ni Stephen King ou les Ramones qui sauveront ce naufrage !