Duel premier "film " signé Steven Spilberg se situe au carrefour de plusieurs inspiration il est tout d 'abord parfait en tout point, il réunit à la fois des références cinématographiques connues de tous, la vision d'un cinéaste sur le monde, ainsi que son sens du cadrage. Le cinéaste transpose ici tous les ingrédients du western , le bar saloon , le cimetière de voiture, le paysage désertique, une utilisation pertinente du corps fragmenté "multiples gros plan sur les regards ". Il filme les voitures comme des personnages, le camion devenant le chasseur de prime, le tueur en série, et la voiture devenant la proie . Ce camion cristallise d'ailleurs toutes les peurs, toutes les angoisses du monde. Il symbolise l'extermination de la vie à l'échelle industrielle, sans âme ni humanité. Il y également une grande part de fantastique, d'étrangeté dans cette situation ,il est d'ailleurs capable de communiquer avec un train de marchandise, prenant en chasse un homme, sans motif apparent, et sans que l'on découvre le fameux conducteur, comme si celui-ci n'existait pas..cela apporte une tension irréel mais palpable à l'intrigue....
La réalisation est vraiment exemplaire , le générique nous place directement du point de vue du chasseur (camera subjective sur la voiture de David), en se détachant petit à petit de la voiture pour ensuite nous placer dans la position du poursuivi. Une réalisation à la fois très posée, réfléchit dans les moments de calme, mais se transformant en une vraie machine de guerre lors des poursuites, d'une rare intensité et dont la sensation de vitesse se trouve décuplée sans pour autant être exagérée. Toute la grammaire cinématographique est présente ,la camera à l'épaule, embarquée, travelling, voix-off, gros plans, très gros plans, plan d'ensemble, caméra subjective. Une véritable leçon de cinéma ...
Dennis Weaver, interprétant David Mann, vient quant à lui prouver son talent en couvrant, avec beaucoup d'adresse, un spectre très large d'émotions, du désespoir à la folie, en passant par le doute et la peur.
Duel est donc une réussite car il rassemble tous ce que le cinéma peut offrir en termes de technique de réalisation et de jeu, sans pour autant négliger l'histoire et son efficacité.
Le personnage de Weaver est un parfait mélange de lâcheté et de hargne. Mais la force du film reste la mise en scène avec des cadrages innovants ... Le style annonce déjà les "Dents de la mer" le thème est le même .(.tel un monstre mystérieux "requin ,camion fantomatique" s'attaquant à des personnes sans raisons précises ....)
Le cinéaste souhaite nous exprimer que le mal prend des formes diverses ....et la réussite est totale ...