Avec Jurassic World, Colin Trevorrow ambitionne de réanimer l’émerveillement des débuts tout en poussant les limites du spectaculaire. Si le film brille par ses effets visuels et ses séquences d’action haletantes, il trébuche lourdement sur des personnages superficiels, un scénario incohérent et un ton déséquilibré.
Le point fort de Jurassic World réside dans sa capacité à émerveiller visuellement. Les scènes mettant en vedette l’Indominus Rex ou le T-Rex captivent par leur réalisme et leur intensité. Les interactions d’Owen Grady (Chris Pratt) avec les vélociraptors apportent une touche unique, même si elles flirtent parfois avec le ridicule. La poursuite en gyrosphère et l’évasion des dinosaures plongent le spectateur dans un chaos magistralement orchestré, rappelant l’essence du spectacle jurassique.
Bryce Dallas Howard, bien qu’éclipsée par des stéréotypes, parvient à insuffler une certaine humanité à son personnage, Claire Dearing. Cependant, sa transformation soudaine de gestionnaire rigide à héroïne intrépide reste peu convaincante. La dynamique entre ces deux personnages principaux, bien que prometteuse, manque de subtilité et de profondeur.
Là où Jurassic Park offrait une réflexion captivante sur la science et ses conséquences, Jurassic World opte pour une approche simpliste. L’Indominus Rex, conçu comme un symbole des dangers de l’ambition démesurée, échoue à provoquer la même peur viscérale que les dinosaures du film original. Le scénario se perd dans des intrigues secondaires peu abouties, comme les disputes familiales des jeunes neveux de Claire, qui peinent à engager émotionnellement.
Le film est également victime de son ambition. En cherchant constamment à surpasser l’original, il cède à une surenchère qui frôle l’absurde. Les scènes d’action, bien que spectaculaires, manquent de la tension maîtrisée qui faisait la force du premier opus. Le film préfère accumuler des moments de bravoure plutôt que de construire une narration cohérente.
Les incohérences se multiplient : des employés inexplicablement négligents, une sécurité du parc ridicule pour une attraction censée être révolutionnaire, et des décisions des personnages qui défient toute logique. Ces failles ternissent l'expérience, rendant difficile de suspendre son incrédulité.
De plus, le film semble se reposer excessivement sur des références au passé. Plutôt que d’innover, il recycle les éléments iconiques de Jurassic Park sans leur insuffler une nouvelle dimension. Les clins d'œil à l'œuvre originale, s’ils évoquent la nostalgie, finissent par donner une impression d’opportunisme.
Malgré ses ambitions et ses qualités techniques indéniables, Jurassic World manque de la magie et de la profondeur nécessaires pour marquer les esprits. Ce n’est ni un désastre ni un chef-d'œuvre, mais un blockbuster calibré, efficace sur le moment, qui s’efface rapidement une fois les lumières rallumées.
L’expérience reste divertissante pour ceux en quête de sensations fortes, mais elle laisse une impression mitigée, comme un parc d’attractions dont les manèges impressionnent sans vraiment captiver. En voulant être tout à la fois, Jurassic World finit par ne rien être pleinement.