S’il s’est fait attendre, le quatrième épisode de la saga "Jurassic Park" est à la mesure de l’attente. Des effets spéciaux époustouflants servent avec efficacité cet épisode qui reprend tous les fondamentaux de la saga avec une fidélité exemplaire. La fidélité est d’ailleurs tellement exemplaire que le portrait psychologique (si on ose employer ce mot pour un tel film !) des personnages est aussi basique que chez Spielberg, et les valeurs morales tout autant appuyées et naïves, mais on ne va pas faire les difficiles: si Spielberg ne réalise plus, c'est quand même encore lui qui produit ! Outre les personnages réduits à de purs clichés, le scénario est assez simple, et certains dinosaures semblent n’avoir pas grand-chose à jouer d’autre que le rôle de pot de fleur, la présence du mosasaure (splendide, par ailleurs) étant largement sous-exploitée, par exemple, mais le tout, souvent prévisible, est mené de main de maître.
Le principal atout de ce film est surtout l’ajout de nombreuses pointes d’humour, grâce à un Chris Pratt en très bonne forme, qui confèrent au film une légèreté et un second degré jubilatoire, le corollaire étant néanmoins une certaine retombée de la tension. Mais ce qui entraîne l’enthousiasme par-dessus tout, c’est la mise en scène très inventive de Colin Trevorrow, qui signe ici son deuxième film seulement, mais s’avère plein de ressources, agrémentant toutes ses scènes de trouvailles visuelles qui donnent au film sa vraie magie tant dans des scènes plutôt tranquilles (la scène où les deux adolescents se trouvent au milieu d’un troupeau de dinosaures au galop, ou la scène où Claire et Owen assistent aux derniers soupirs d’un diplodocus) que dans les scènes d’action (les balles qui traversent le tronc creux, en créant des rais de lumière, la main ensanglantée sur la vitre du camion: classique, mais efficace !). De ce point de vue-là, la scène finale qui voit un retour en force du tyrannosaure rex, qui compte bien faire entendre à l'indominus qui sème la pagaille, qui c'est le maître du parc (non mais, quand même !), est très convaincante. Ce qui fait de ce film non pas un chef-d'oeuvre (clairement pas !), mais un film réjouissant, efficace et dynamique, qu’on aurait vraiment tort de bouder.