Drame érotique, réalisé par Larry Clark, Ken Park est un long-métrage aussi qualitatif que dérangeant. L'histoire nous fait suivre le difficile quotidien de quatre jeunes Californiens au sein de leurs familles respectives après le suicide d'un de leur ami commun. Claude subit les agressions constantes de son père, Tate, un adolescent dérangé, déteste ses grands-parents, Shawn entretien une relation avec la mère de sa copine et Peaches vit sous la morale pathologiquement puritaine d'un père veuf. Ce scénario nous plonge pendant environ une heure et demie, dans un récit sombre, désespéré, froid et amoral. Celui-ci donne lieu à de nombreuses scènes marquantes par leur côté malsain et violent. Il dépeint avec authenticité les modes de vies marginaux de cette jeunesse désœuvrée et victime de sa condition sociale. La nudité et le sexe sont est présents et le ton se veut cru et tragique dans presque toutes les situations. Plus les minutes défilent et plus l'ambiance devient pesante et grave, faisant monter la tension sans savoir quand est-ce que tout cela va éclater. On retrouve au cœur de ces destins brisés croisés des personnages attachants, interprétés par une distribution plus ou moins confirmée, mais dont tous les acteurs jouent très bien leur rôles. En effet, des comédiens professionnels comme Wade Williams, Amanda Plummer, Maeve Quinlan, Bill Fagerbakke, Julio Oscar Mechoso, Harrison Young et Patricia Place entourent des jeunes visages amateurs ayants très peu d'expérience à l'écran, voir qui débutent au cinéma comme James Ransone, Tiffany Limos, James Bullard et Stephen Jasso. Tous ces individus procurent de nombreuses émotions à travers leurs échanges empreints d'une belle sincérité. Cela se ressent également via les dialogues d'une grande justesse, souvent conflictuels. Sur la forme, la réalisation de Larry Clark se veut particulièrement simple et naturelle afin de servir son propos. Sa mise en scène donne lieu à de nombreuses séquences mémorables dues à leurs mœurs peu conventionnelles. Ce visuel est accompagné par une b.o. très discrète n'ayant que très peu d'impact sur les images. Cette dure fatalité s'achève sur une fin donnant envie d'en savoir plus sur la suite de leur sort, venant mettre un terme à Ken Park, qui, en conclusion, est une œuvre provoquante nécessaire afin de montrer la triste réalité qui touche certains malchanceux dans nos sociétés.