Avec "Ken Park", Clark nous emmène dans ce qui s'apparente le plus à l'Enfer. Dans le décor d'une banlieue californienne de la "middle class", d'apparence paisible, il nous plonge dans l'intimité de plusieurs familles en perdition. Il choisit de raconter les faits en se plaçant du côté des adolescents. C'est bien leur regard qui semble intéresser le cinéaste. En effet, comme toujours dans le cinéma de Clark, le monde des adultes et celui des pré-adultes, est souvent bien différencié, chacun vit dans son monde et il est impossible de les relier.
En nous montrant le quotidien d'un ado qui entretient une liaison avec la mère de sa petite amie, d'une jeune fille et d'un jeune skateur confronté à des pères incestueux, et enfin d'un jeune paumé, élevé par ses grands parents qu'il déteste, Clark n'en finit pas de vouloir nous choquer. Les images et les mots sont d'une violence assez inouïe dans le paysage cinématographique, l'atmosphère de chaque plan souvent insoutenable. Le cinéaste américain aime transgresser, de par son cinéma très subversif, mais il y a toujours ce côté artistique et presque lunaire, qui ressort du corps de ses acteurs. L’hypersexualisation de son film tient du fait, que quelque part, c'est le seul moyen qu'on trouvait ces jeunes paumés pour pouvoir oublier leur triste quotidien, et pouvoir enfin vivre pleinement la fin de leur jeunesse.
Dans la scène où l'on voit, l'adolescent vivant chez ses grands parents, sortir jouer avec des enfants qui font de la corde à sauter, Clark souligne l'innocence de l'enfance. L'adolescence est ensuite l'étape où chacun expérimente sa sexualité et libère ses inhibitions. Elle s'apparenterait aux portes de l'Enfer. Enfin, l'âge adulte, représente l'Enfer, le moment de la vie où les démons et les frustrations liés à l'enfance ressurgissent soudainement.
"Ken ¨Park" est un drame sur l'adolescence mais surtout sur l'incommunicabilité des êtres, la peur d'une vie médiocre, et l'hypocrisie des valeurs familiales. Larry Clark réalise là, un véritable électrochoc sociétal, bien loin de l'image bienveillante véhiculée par une certaine Amérique puritaine.
ATTENTION !!! Je déconseille ce film à toutes âmes sensibles. Pour public averti uniquement.